Bataille à droite

Carte des résultats par communes Les sondages se sont focalisés sur les deux premiers dans les sondages, Geert Wilders du parti raciste PVV et Mark Rutte, le Premier Ministre sortant du Parti Libéral Démocrate (VVD) ce qui a parfois fait tourner la campagne en concours de populisme. Depuis octobre dernier c'est le PVV qui est donné vainqueur souvent haut la main dans tous les sondages mais c'est finalement le VVD, parti du ministre sortant qui remporte les élections à 21% avec une large avance sur le second à 13%. Le parti au leader blond décoloré gagne tout de même 5 sièges mais il ne retrouve même pas son niveau le plus haut de l'élection de 2010 où il avait remporté 24 sièges à 15%. C'est un échec pour le raciste. Il semble que la mobilisation a joué contre lui, Le taux de participation a dépassé les 80% ce qui était n'était pas arrivé depuis … 2006.

La mobilisation a surtout joué en faveur de la droite classique. Le VVD du Premier sortant mais aussi le CDA (Appel Chrétien Démocrate) 8,5% qui s'était pris une déculotté en 2010 et le parti libéral D66, mené par Alexander Pechtold depuis 2006 8%. Le premier parti retrouve peu à peu sa situation de parti dominant dans certaines communes rurales mais n'est pas à son plus haut. Le second retrouve enfin des scores proches des sommets atteints dans les années 90.

  • On notera la forte présence de partis se réclamant libéraux avec le VVD et D66 ce qui peut paraître curieux vu de France. Les Néerlandais sont effectivement une société plus libérale que la France mais les différences entre les deux partis sont notables. On peut qualifier les libéraux VVD de libéraux-conservateurs avec une tendance populiste qui était plus visible quand le leader était Fritz Bolkenstein que Mark Rutte même si ce dernier y travaille. Le D66 peut-être qualifié de parti libéral progressiste. Le nom Democraten met en avant la démocratie c'est-à-dire le volonté de mettre en avant la chose publique avant les tractations politiciennes. Le D66 défendra plus souvent les thèmes de l’environnement, l'éducation, l'innovation que leurs collègue VVD.

À gauche

À gauche c'est l'hécatombre, les sociaux démocrates (PvdA) qui participaient au gouvernement Rutte II perdent 29 sièges sans que la gauche radicale (SP) n'en profite (un siège de moins). Seul les verts de gauche (Groenlinks), menés par Jesse Klaver en profitent en obtenant 14 sièges avec un score historique pour la formation. Clairement, les électeurs de gauche sanctionnent la participation des travaillistes au gouvernement sortant qui ne semble pas avoir fait ce que ces électeurs attendaient d'eux.

Les petits partis

Quelques petits partis tirent leur épingle de cette élection peu banale. Le parti des animaux (PvdD) gagne deux sièges avec 5 député.e.s et le parti des seniors 50Plus gagne deux sièges aussi à 4 député.e.s. Deux nouveaux partis d'actualité font leur entrée dans la chambre basse des Pays-bas.

Le premier est le FvD (forum pour la démocratie) un parti eurosceptique issu du mouvement Geenpeil qui avait contraint le gouvernement de lancer une consultation sur l'accord Europe-Ukraine et qui avait fait gagner le «non». Ce mouvement, transformé en parti, surfe sur la vague Brexit et remporte deux sièges.

Le second nouveau parti est Denk, un parti communautaire formé par deux turcs dissidents du PvdA. Les turcs sont une composante visible de la société néerlandaise et ce parti prône la tolérance, la justice au niveau international et l'accès à l'éducation. Autant dire que ce ne sont ni des amis de Geert Wilders ni des amis de Recep Tayyip Erdoğan. Les récents événements où les Turcs des Pays bas ont été utilisés pour la campagne de Wilders, Rutte et Erdoğan ont peut-ětre renforcé le soutien à cette minorité allochtone et au parti Denk qui remporte 3 sièges.

  • On notera la grosse différence avec la France, encore plus visible qu'en 2006, grâce au scrutin à la proportionnelle, les petits partis obtiennent des sièges et gagnent en visibilité ce qui leur permet de se maintenir et de travailler dans la durée. À l'issue du scrutin, 17 sièges (sur 150) sont réservés à des partis qui n'ont jamais été au gouvernement mais qui font avancer leurs idées et les dossiers.

Pied de nez à l'histoire

En 2006, lorsque je commentais les résultats, je découvrais le discours raciste et puant de Geert Wilders qui créait la surprise en remportant 9 sièges. Avant cela, Wilders était un député VVD qui a décidé de quitter le parti pour surfer sur la vague xenophobe naissante. Il n'était pas le seul à le faire, Rita Verdonk, alors ministre de l'Intérieur s'y essayait aussi à l'intérieur[1]. Il y a eu une bataille interne au VVD entre l'aile populiste menée par Rita Verdonk et l'aile libérale défendue par le jeune Mark Rutte. C'est finalement Rutte qui l'avait emporté de justesse gardant les manettes d'un parti fortement affaibli.

En 2006 le VVD perdait 6 sièges et se retrouvait dans l'opposition. C'est aujourd'hui le premier parti du pays.

Note

[1] à la fois au ministère de l'Intérieur et à l'intérieur du VVD