L'assistance automobile avec ANWB
Le jeudi, 18 septembre 2014. - dagelijks
Nombreuses sont les personnes qui m'ont fait remarquer le design biscornu des bornes de secours au bord des routes hollandaises. Alors que dans presque tous les pays elles sont oranges, ici, elles sont jaunes avec des pointes effilées en tête.
Pour répondre à vos interrogations, j'ai décidé de tomber en panne sur l'autoroute, afin de vous faire profiter de mon expérience avec l´une de ces bornes et de l'assistance qu'elle est sensée apporter.
Nouveau mot: Praatpaal
À première lecture, le mot praatpaal qui qualifie ces sculptures jaunes pourrait se traduire comme poteau (paal : poteau) à parole (praat : parler) mais c'est un contresens. Paal signifie aussi borne[1], et une bornes ou l'on parle est donc une borne d'appel.
La couleur jaune de ces bornes est ancienne, elle vient de la couleur de l'association royale[2] des automobilistes néerlandais. plus connue sous le nom d'ANWB. ANWB signifie Algemene Nederlandse Wegenwacht Bond, l'association générale néerlandaise d'assistance routière mais aujourd'hui l'association se nomme officiellement Koninklijke Nederlandse Toeristenbond ANWB ce qui est un appellation à tiroire qui signifie Association royale touristique ANWB. Cette association qui met en retrait le mot assistance de son nom est en fait le gestionnaire des appels de secours en bord de route. Elle a reçu cette délégation du gouvernement dès la mise en place des premières bornes d'appel.
AJOUT : On me signale en commentaire que l'association est née en 1893 et qu'à l'origine c'était une association cycliste donc l'acronyme signifiait. Algemene Nederlandse Wielrijders Bond qui veut dire association générale néerlandaise des cyclistes. Le Wegenwacht est arrivé plus tard, quand les automobilistes ont été admis dans l'association.
Les deux pointes qui dardent vers le ciel sont en fait des panneaux fait pour arrêter le bruit des voitures et permettre de mieux dialoguer avec son correspondant de l'assistance. Il faut se pencher très près du micro pour que ce soit un petit peu efficace. Les Pays-bas sont le seul pays à avoir pensé que le passage des voitures peuvent être une nuisance pour la personne en demande de secours au bord de la route. Cette solution aux grandes oreilles a été mise en place dès 1970.
cc-by-nc-sa Cor Out
Le modèle que l'on voit aujourd'hui au bord des routes, avec ces grandes oreilles pointues date de 1994. Il a été dessiné par l’ingénieur C.M. Gerrits.
Aujourd'hui
À partir de ces bornes, 193.000 appels ont été passés en 1987 et 39.655 appels en 2012. L'entretien de ces poteaux coute cher[3] et le gouvernement prévoit de supprimer le service en 2017 ou 2018 présumant que tout le monde dispose d'un téléphone mobile. Le contrat du gouvernement avec ANWB se termine en 2017 et ne devrait pas être renouvelé. Tant pis pour les 30.000 personnes qui comptent encore dessus.
Nouveau mot: Wegenwacht
Comme indiqué plus haut wegenwacht qui signifie littéralement surveillance des chemins est le mot néerlandais pour assistance automobile. Cette assistance est offerte gratuitement aux membres d'ANWB sur simple appel depuis l'une de ces bornes, au 088 2692 888 ou à l'aide de l'app dédiée. Pour les personnes qui ne sont pas membres comme moi, le déplacement du technicien avec sa dépanneuse coute 150€, somme qu'il faut accepter de payer après avoir exprimé sa détresse au micro du praatpaal.
Être membre de l'ANWB coute 15 euros par an. Mais attention, cette adhésion ne couvre pas les pannes ( géén pechhulp), pour profiter de l'assistance, il vous faudra débourser 55 euros par an. Si vous vivez aux Pays-Bas c'est un moyen sûr de ne pas dépenser au moins trois fois plus en cas d'incident. Pour les autres, l'ANWB prend aussi en charge les personnes couvertes par une assistance partenaire d'un autre pays européen et même les nationaux (Néerlandais) qui vivent à l'étranger à condition qu'ils soient membres.
Pour les distraits comme moi qui n'ont pas de couverture l'assistance ponctuelle ponctionne 150 euros mais le service est le même, la personne arrive, remorque la voiture hors de l'autoroute où un diagnostic est dressé par un collègue du dépanneur. Si une réparation est possible sur place, elle est à nouveau proposée avec, je suppose, son prix, si elle n'est pas possible sur place, le rôle de l'assistance pour les non membres s'arrête là. Le dépanneur et son collègue sont donc partis en me souhaitant bonne chance.
AJOUT : Si vous êtes curieux et voulez connaitre la suite de mes déboires, lisez leur récit en commentaire ci-dessous.
À lire aussi
Notes
[1] Comme les bornes frontalières que je vous ai montré au bord de la Belgique et qui sont allongées comme des poteaux
[2] L'association utilise son prédicat royal/koninklijk-le-predicat-royal.
[3] Il faut changer les batteries de ces 3.323 bornes tous les cinq ans et ça coute dans les 300.000 euros et il y a aussi un contrat avec KPN pour les communications.
Commentaires
le vendredi, 19 septembre 2014.
Bon mais alors c'était quoi, cette panne ?
le samedi, 20 septembre 2014.
Small correction: ANWB started in 1893 as an association of cyclists. The acronym originally stood for Algemene Nederlandse Wielrijders Bond. When cars arrived on the scene ANWB also started looking after their interests and set up the Wegenwacht.
le samedi, 20 septembre 2014.
Si tu n'as pas eu l'assistance alors comment es tu rentré?
le lundi, 22 septembre 2014.
Pour répondre à Hervé et Lotte, je vais en dire un peu plus sur ce qui m'est arrivé.
Donc dimanche il y a huit, j'ai quitté Amsterdam la voiture pleine de meubles et autres affaires en direction d'une autre capitale à 900km de là. Après une petite heure de route, la voiture s'est mise à refuser d'avancer bien que le moteur tournait toujours. J'ai pu m'arrêter devant cette borne ANWB jaune n°216, près de Terschuur et lancer mon appel qui m'a permis de savoir comment ces trucs marchent et de vous écrire un joli article.
Une dépanneuse est arrivée quelques 30 minutes plus tard. Mon carter étant visiblement mal fixé, le dépaneur a émis des réserves quand à sa survie mais il m'a quand même emmené jusqu'au parking le plus proche, un parking pour poids lourds à proximité d'un mac drive et d'une essencerie automatique. Après avoir cassé mon carter et déposé mon auto, il m'a dit qu'un technicien allait arriver. Le dépaneur n'est pas le technitien, ce n'est pas lui qui regarde la voiture, lui se contente de la remorquer et de casser le carter. Comme promis, ce dernier n'a pas tardé et a logiquement diagnostiqué un problème de boite de vitesse. Problème qui ne pouvait pas être réglé en deux coups de tournevis. Comme expliqué plus haut, si j'avais été couvert par l'assistance ANWB, j'aurais été pris en charge mais là, leur intervention devait s'arrêter ici. Le dimanche, les garages ne sont pas ouverts mais le technicien m'a quand même remis les coordonnées d'un transporteur qui pourrait déposer ma voiture chez le garagiste de mon choix, le tout à mes frais.
Jusque là, j'en suis au même point que la fin de mon billet : livré à moi même au milieu de l'après-midi.
Bien qu'en lisière du parc du Haut Veluwe, le parking pour poids lourds de Terschuur n'est pas le plus bel endroit du monde. J'aurais préféré être à la maison à étendre le linge. Laisser la voiture sur le parking pour trouver une solution ailleurs est ce qu'il y avait de plus tentant mais comme je transportais des meubles, ma voiture ne fermait pas, le coffre était juste sanglé ce qui rendait toute fermeture à clef à la fois inutile et impossible. Un rapide coup de fil m'a permis de comprendre que remorquer cette voiture à Amersfoort, la ville la plus proche coûtait 200€ pour 20km. Ce prix ne comprenant pas le droit de parking et le transport vers un garage le jour suivant.
Laisser seule mon auto ouverte sur ce parking comme un appel à dépeçage rapide, est une idée qui m'a effleuré l’esprit, je l'avoue, mais j'ai quand même essayé d'en trouver une meilleure. Pendant plusieurs heures, j'ai donc lancé des appels téléphoniques à la mer, parfois du coté d'Amsterdam, parfois du coté de Prague. Je n'ai pas beaucoup d'amis motorisés de ce coté ci de l'Ems et donc très peu de gens équipés pour venir me chercher depuis Amsterdam avec le petit meuble qui m'empêche de fermer le coffre. La palme de la bonne volonté revenant à Pedro, prêt à venir de Leiden avec une Wolkswagen Lupo plus petite que le meuble en question.
Jusque là j'en suis au même point que la fin de mon billet et livré à moi même, sauf que le jour commence à décliner...
L'un de mes appel en République tchèque me parle de prestations de transport de véhicules à des niveaux de prix bien plus adaptés à mon salaire en couronnes. Seulement, Prague est à plus de 800km du lieu de ma panne ce qui rend la prestation longue et malgré tout dispendieuse. Le meilleur plan est donc de demander à une personne de venir me chercher avec un plateau depuis la République tchèque et de me ramener chez moi avec meubles et voiture. Même si cela explose le budget de mon week-end, que cela revient plus cher que les meubles en question, c'est une solution qui est plus simple que d’essayer de goupiller une hypothétique réparation sur place avec le soucis du stockage et du rapatriement des meubles. Une option moins chère était d'abandonner voiture et cargaison sur place et de rentrer comme je pouvais mais c'est un choix que j'avais déjà rejeté quelques lignes plus haut en tentant de reprendre courage.
Après de longues longues minutes à attendre la confirmation du tarif et des horaires de mon travailleur de l'est, j'ai eu confirmation de son départ le soir même. Arrivée prévue le lendemain vers 2 heures de l'aprème. La confirmation est arrivée après 21 heures du soir. Il faisait nuit, il faisait faim et la batterie de mon téléphone réclamait du jus.
Le parking pour poids lourds de Terschuur a cet avantage de jouxter le mac drive et l'essencerie automatique déjà cités mais aussi un restaurant Goudreinet, un relais routier qui fait aussi brasserie familiale le dimanche soir pour les familles qui rentrent de vacances. Je n'en ai pas parlé jusqu'à présent pour renforcer le tragique de la situation mais maintenant que c'est passé je peux en parler. Le Goudreinet a une grande salle à manger un bar et un petit salon de repos à l'entrée avec une prise de courant pour mon téléphone, à coté d'un espace de jeu pour enfant bruyants. Le wifi y est gratuit et le service rapide, quand à la carte, je vous laisse la découvrir. Malgré tout cela, je n'ai pas trop trainé dans ce lieu parce qu'il me semble, j'étais plus préoccupé par d'autres choses que la menu ou la déco. J'en ai juste profité pour recharger les batteries avec une limonade et grace à une serveuse souriante et trop affable. La cuisine du Goudreinet ferme 21h et même les meilleurs clients ne tiennent pas à y rester toute la nuit. Une fois ma batterie chargée, j'ai veillé à ne pas être le client chiant qui reste jusqu'à la fermeture. Pour le reste j'avais préparé des sandwiches pour le trajet qui ont valut diner. La nuit était tombée, le parking s'était vidé.
Jusque là, j'en suis comme à la fin de mon billet, livré à moi même. Et il fait nuit.
Dormir dans une voiture dont les sièges ne peuvent pas être rabattus n'est pas chose aisée mais il a bien fallu m'y résigner si je voulais garder un œil sur mon mobilier et mon automobile immobiles. Avant de parvenir à fermer l'œil, j'ai essayé plusieurs positions, sorti un duvet, changé de siège, essayé plusieurs positions, compté les étoiles, récupéré le coussin qui calait un meuble, changé de coté et essayé plusieurs positions. Après, je me suis endormi. puis réveillé et rendormi. Finalement, au matin, il ne me restait plus que 6 heures à attendre.
Ces six heures sont passées vite, j'ai fait un brin de toilette derrière un bosquet et je suis retourné au Goudreinet prendre un café. J'ai envoyé des emails pour la journée (notification d'absence au travail, remerciements aux personnes qui ont essayées de m'aider la veille etc.) et j'ai observé le ballet des camions sur le parking, les échanges de remorques, de chauffeurs et des livraisons de marchandises à des voitures de passage. Finalement, mon transporteur est arrivé avant que je n'ai le temps de m'ennuyer.
Le retour s'est passé sans incident notable. Il faut dire que je ne conduisait pas. Je n'ai donc pas eu à me soucier du plan de route, de la récupération du chauffeur ou de la jauge d'essence. Traverser l'Allemagne de cette manière fut beaucoup moins fatiguant qu'à l'aller. Ce fut par contre aussi long et je ne suis arrivé à la maison qu'à minuit. Ce n'est pas la meilleure heure pour porter des meubles sur quatre étages mais quand il est minuit et qu'on remet quelque chose au lendemain, il est possible de s'y metre la minute suivante.
Je coule aujourd'hui un repos mérité dans un appartement bien meublé. Dans la rue, en bas, une ventouse attend encore que je la confie à un garagiste. Je ne peux donc pas encore vous donner de ses nouvelles.
le mercredi, 17 décembre 2014.
Ma voiture a enfin été réparée. C'était difficile et ça a coûté cher mais c'est maintenant chose faite. Je vais pouvoir rouler à nouveau sur les routes de Hollande et d'ailleurs. Il s'est passé tellement de temps que tout le monde s'en fout mais je tenais à marquer cet évènement quand même avec un petit message.
le mercredi, 17 décembre 2014.
Mais non, on s'en fout pas ;-)
Par contre, quand j'ai lu "Je vais pouvoir rouler à nouveau sur les routes de Hollande", devine à quoi j'ai pensé... arf !
le mercredi, 17 décembre 2014.
le jeudi, 18 décembre 2014.
Félicitation pour ta nouvelle voiture. Je suis très intéressée pour les nouvelles histoires que tu racontera quand tu roulera sur les routes de Hollande.
le lundi, 9 novembre 2015.
Vous êtes trop génial(e) ! J'ai pas encore compris si vous êtes un homme ou une femme, mais c'est pas grave pour le moment : qu'est-ce que je me marre en vous lisant :D
le mercredi, 16 décembre 2015.
Quand même, c'est pas gentil de se moquer :-(