lundi 1er septembre 2008

Energie nucléaire

« Les Pays-Bas doivent avoir davantage recours à l'énergie nucléaire », relève la rédaction parlementaire du Telegraaf (p.3). "C'est ce qu'affirment les éminents anciens hommes politiques Ruud Lubbers (CDA), Hans Wiegel (VVD) et même l'ancien ministre PvdA Hans Alders. Alders, qui est président de la direction d'EnergieNed, l'organisation sectorielle des compagnies d'énergie, comparera ce soir dans le programme télévisé Netwerk les caractéristiques des combustibles fossiles à celles de l'énergie nucléaire. Il aboutit à la conclusion que le pétrole, le gaz et la houille présentent plus d'inconvénients. « Je dirai donc, étant donné toutes les connaissances dont nous disposons en ce moment des problèmes comme des solutions : cherchez surtout la solution dans l'énergie nucléaire »." « C'est un son de cloche remarquable de la part d'un éminent membre du PvdA, car ce parti s'oppose toujours mordicus à l'énergie nucléaire », souligne le journal populaire. « L'accord de gouvernement contient même un passage qui exclut expressément la construction de nouvelles centrales nucléaires durant la législature actuelle. » « Lubbers impute la résistance néerlandaise à l'énergie nucléaire à la "pensée étriquée". On construit des centrales nucléaires dans le monde entier, mais ce gouvernement n'en veut pas. « Comme si le reste du monde était fou, déclare l'ancien premier ministre CDA. On a pensé qu'on pouvait résoudre le problème sans l'énergie nucléaire. Il est désormais établi que ce n'est pas possible ».

Apres la parution en grande pompe de l'article de Pieter Van Geel, l'ensemble de la presse semble se saisir du débat qui avait pourtant été tranché quelques années plus tôt. Les Pays-Bas, tout comme l'Allemagne ont fait le choix de sortir du nucléaire après un débat émotionnel faisant suite à l'accident de Tchernobyl. Il n'est parfois pas mauvais de revenir sur les décisions du passé mais nous sommes dans un contexte ou le gouvernement en place a décidé sciemment de ne pas faire poindre la question du nucléaire parce qu'il y a trop d'avis divergeants au sein de la coalition. Au PvdA, historiquement contre le nucléaire sans discussion, certainent n'hadèrent pas complètement au dogme.

mercredi 3 septembre

Energie nucléaire

"Le SP ne déclare plus taboue l'énergie nucléaire", annonce le Telegraaf dans son grand article à la une. "Il se dessine ainsi tout doucement une future majorité parlementaire en faveur de la construction de nouvelles énergies nucléaires. « On peut parler de tout. Le SP ne tabouise pas l'énergie nucléaire », a déclaré hier la présidente du groupe parlementaire SP, Agnes Kant." "Certes, Kant souligne toujours qu'il y a le problème des déchets nucléaires et qu'il faut aussi tenir compte des risques que représente une centrale pour les alentours, mais elle discerne des progrès sur ce dernier point. « Nous devons bien peser le pour et le contre. La construction de centrales à charbon pose aussi des problèmes. On a alors de grands rejets de CO2, selon Kant. Dans le passé, le SP avait qualifié l'énergie nucléaire de « non souhaitable »."

« Il est extrêmement déraisonnable d'exclure l'énergie nucléaire », commente l'éditorialiste du journal. « L'énergie nucléaire est un excellent moyen de produire de l'électricité sans rejet de CO2 ».

Le Volkskrant (p.7), en rubrique économique, note que "les producteurs d'énergie réagissent positivement au plaidoyer du CDA en faveur de la construction de nouvelles centrales nucléaires aux Pays-Bas". "Mais il n'y aura pas de projets concrets jusqu'à nouvel ordre. Essent, copropriétaire de la centrale de Borssele et partisan de la construction de plus de centrales, déclare apprécier la clarté du CDA mais veut attendre une décision politique."

Le SP est le gros parti d'opposition à gauche, ce parti est très anti-nucléaire par principe et la position de sa chèfe de groupe est plutôt surprenante. La nécessité d'une indépendance énergétique et la réduction des émissions de CO2 font réfléchir tout le monde. L'option nucléaire n'est plus forcément écartée même chez ceux qu'on appelle encore les anti-nucléaire.

vendredi 5 septembre

Energie nucléaire

Les lecteurs du Telegraaf, sollicités chaque jour de donner sur Internet leur avis pour ou contre une "thèse" du journal populaire, se sont prononcés en grande majorité en faveur de l'extension du nucléaire aux Pays-Bas. A la thèse : "De nouvelles centrales nucléaires doivent pourvoir les Pays-Bas en énergie", 87 pour cent des répondants ont réagi par l'affirmative et 11 pour cent se sont déclarés en désaccord." "Ce n'est pas seulement dans la politique qu'une majorité se dessine en faveur de la construction de nouvelles centrales nucléaires aux Pays-Bas, la société aussi commence lentement à changer d'avis. S'il ne tient qu'à ceux qui ont réagi à notre Stelling (thèse), il y aura certainement de nouvelles centrales nucléaires. La plupart des plus de 2 700 répondants se prononcent pour cette forme de production d'énergie."

Dans un éditorial sur la rentrée parlementaire, le Volkskrant remarque que « ce gouvernement a formulé de fortes ambitions : il veut faire des Pays-Bas, qui est actuellement dans le peloton de queue en Europe, un des pays les plus efficaces en matière d'énergie durable ». « Pour réduire notre dépendance des sources d'énergie fossiles et rejeter moins de CO2, l'économie d'énergie et l'emploi de sources durables comme le soleil et le vent méritent notre préférence. Mais à moyen terme ce ne sera pas suffisant, c'est pourquoi les plaidoyers en faveur de l'énergie nucléaire se font de plus en plus insistants. Que ce soit une option souhaitable ou non, il est préférable d'adopter en l'occurrence une approche pragmatique plutôt que de s'enfermer dans un refus dogmatique ».

Deux informations ici. La première étant le résultat d'un sondage dans le journal populaire. Même si la ligne éditoriale de ce journal se range plutôt du coté des pro-nucléaires, ce sondage apporte l'idée que j’évoquais plus haut. L'indépendance énergétique et la réduction des émissions de CO2 font réfléchir tout le monde.

La deuxième info sur l'édito du Volkskrant frôle l'amalgame. On dirait que l'éditorialiste a discuté avec un politicien membre du lobby pro-nucléaire. Il parle d'indépendance vis à vis des énergies fossiles et des énergies durables pour ensuite les lier au choix du nucléaire. Il n'affirme pas que le nucléaire est propre et durable mais le fait presque entendre. Il conclut ensuite qu'il ne faut pas s'enfermer dans un refus dogmatique, visant les anti-nucléaire, alors qu'on a vu ces derniers être moins catégoriques qu'avant.

lundi 8 septembre

Énergie nucléaire

"Le changement de climat dû aux rejets de CO2 réclame des mesures énergiques", relève le Trouw (p.5) dans une analyse. « L'énergie nucléaire devient de plus en plus une option réelle dans la politique néerlandaise ». "Dans son programme électoral, le CDA a fait valoir que l'énergie nucléaire est une possibilité réelle pour la future production n'énergie. Le parti n'a pas pu convaincre ses partenaires de coalition ChristenUnie et PvdA : le tabou existant sur l'énergie nucléaire restera entier durant la présente législature. Mais le CDA n'a jamais été un parti qui confond une bataille perdue avec la guerre tout entière. A intervalles réguliers il pique et rappelle les grands avantages de l'énergie nucléaire. Comme l'a fait la ministre CDA des Affaires économiques Van der Hoeven l'an dernier. Un ferme « non » de sa collègue PvdA Cramer (Environnement) a évidemment suivi immédiatement. La semaine dernière, quelques nouveaux éléments intéressants s'y sont ajoutés. Le weblog du président du CDA, Van Geel, était peut-être le moins intéressant. Van Geel répétait la position du CDA selon laquelle la construction de centrales nucléaires est inévitable. Il a soigneusement évité de parler de la législature actuelle, compte tenu de l'accord de gouvernement. Son collègue de parti le ministre des Affaires étrangères Verhagen a invoqué la dépendance de la Russie en tant que fournisseur d'énergie. Et la présidente du groupe parlementaire SP, Kant, a laissé apparaître que dans son milieu, jusqu'à présent adversaire farouche de l'énergie nucléaire, on commence à douter." "Toutes ces manifestations de compréhension ne sont guère pertinentes pour la politique gouvernementale actuelle. Le quatrième gouvernement Balkenende ne fera rien pour rapprocher l'énergie nucléaire, mais la coalition ne fera rien non plus pour rendre l'option nucléaire plus difficile à avancer pour ses successeurs. La discussion actuelle s'inscrit dans un processus de longue haleine, dans lequel essaient de familiariser l'opinion publique avec une situation dans laquelle l'énergie nucléaire reviendra sur l'agenda politique. Le Conseil social et économique avait déjà plaidé dans ce sens avant même que le gouvernement actuel ne soit formé. Le débat politique générale, immédiatement après la présentation du budget par le gouvernement, offrira la prochaine plate-forme politique."

Voilà un bon résumé de la situation. les anti-nucléaire ne sont finalement pas si anti que ça et sont prêts à débattre de cette option. Les pro-nucléaires sont en fait ceux qui se répètent avec les arguments économiques, politiques et maintenant écologiques. Mais des conséquences écologiques du nucléaire en lui même, ils évitent bien sagement la question...

10 septembre

ECONOMIE, FINANCES - Énergie nucléaire

Le PDG de la compagnie d'énergie zélandaise Delta, M. Peter Boerma, annonce dans une interview publiée par le Financieele Dagblad (pp.1 et 13) son intention d'engager une procédure de demande de permis de construire pour une nouvelle centrale nucléaire près de Borssele. Delta veut en définitive "construire deux à quatre nouvelles centrales nucléaires" à Borssele, à côté de celle qui s’y trouve déjà. "Nous voulons démarrer. La première centrale doit être opérationnelle en 2016. Nous avons suivi le débat civil et nous pensons que les esprits sont mûrs." La centrale nucléaire de Borssele appartient aux compagnies Delta et Essent et peut rester en service jusqu'en 2033, rappelle le journal financier. "En engageant la procédure de demande d'autorisation pour une nouvelle centrale, Delta donne suite à l'appel du président du groupe parlementaire CDA, Pieter van Geel, qui a écrit sur son weblog, la semaine dernière, que de nouvelles centrales nucléaires sont « inévitables » aux Pays-Bas."

Forcing des intéressés en pendant que le débat occupe les journaux. Une manière comme une autre d'entrer dans le débat. Selon l'accord de gouvernement, ce dernier ne devrait pas donner d'autorisation de construction d'une nouvelle centrale.

jeudi 11 septembre

Energie nucléaire

Le commentateur du Telegraaf estime qu'il "convient de réagir positivement à la demande d'un permis de construire pour une nouvelle grande centrale nucléaire à Borssele". "Le parti gouvernemental CDA ne doit pas se soucier du conservatisme de son partenaire de coalition le PvdA. La délivrance d'un permis n'est pas en contradiction avec la décision de ne pas construire de centrale nucléaire durant la législature actuelle."

Bon, cette pirouette n'engage que le commentateur du Telegraaf. Il en profite pour traiter les travailliste de conservateurs ce qui est une technique courante quand on est à droite et qu'on veut remettre en cause des choix faits dans le passé. Le choix passé de ne plus construire de centrale nucléaires date au Pays-Bas des années 90, suite à un débat provoqué par l'accident de Tchenobyl. Débat provoqué par l'émotion certes, mais on dirait que le débat actuel est aussi provoqué par l'émotion parce que ça commence à bien faire de dépendre de la Russie pour le pétrole et tout ça...

vendredi 12 septembre

ECONOMIE, FINANCES - Energie nucléaire

"La ministre de l'Environnement, Jacqueline Cramer, n'autorisera pas la compagnie d'énergie Delta à construire une nouvelle centrale nucléaire durant la législature actuelle, au cas où elle déposerait une demande officielle", relève le Financieele Dagblad (p.4). "C'est ce que la ministre, qui a invoqué l'accord de gouvernement, a déclaré jeudi à BNR Nieuwsradio." "Le porte-parole de la ministre des Affaires économiques Maria van der Hoeven a déclaré dans une réaction : « Ce gouvernement ne prendra pas de décision de nature à bloquer la future construction de centrales nucléaires, ne serait-ce que parce que l'énergie nucléaire figure dans quelques scénarios d'avenir du Rapport sur l'énergie de 2008 ». "Bien que les propos des deux ministres ne soient pas contradictoires, ils indiquent tout de même la tension entre le PvdA et le CDA sur ce thème", souligne le journal d'affaires (également de Volkskrant p.7, AD p.7).

La coalition au pouvoir est très divisée sur le sujet et pour le moment ils ont bien géré le débat mais il ne faudrait pas qu'il prenne de l'ampleur parce que ce pourrait être une source de crise gouvernementale. En fait le premier ministre qu'on a pas entendu sur le sujet, veille à ce que le sujet ne chauffe pas et doit sûrement calmer les ardeurs de certains en coulisses.

jeudi 18 septembre 2008

Energie nucléaire

"Une chose au moins est devenue claire hier, durant le débat de politique générale", souligne le Trouw (p.5) : "il n'est guère utile de continuer de discuter de l'énergie nucléaire et de la possible construction de nouvelles centrales nucléaires sous la législature actuelle." "Tant le PvdA que le CDA ont fait un pas en arrière dans le débat qui s'était de nouveau déchaîné. Et le SP renonce aussi aux nouvelles centrales, de sorte que la majorité virtuelle avec le VVD a disparu." "Le président du groupe CDA Van Geel a maintenu que l'énergie nucléaire était indispensable pour être moins dépendant des combustibles polluants, mais il a aussi reconnu que ce n'était pas une solution optimale. « L'énergie nucléaire n'est pas durable tant qu'il y a un problème de déchets ».

Débat clos par les membres du gouvernement qui ne veulent pas revenir sur leur accord ni s'énerver sur le sujet. La conclusion de Van Geel est pleine de de bon sens. L'énergie nucléaire n'est pas durable tant qu'il y a un problème de déchets. Pourquoi donc n'a-t-il pas expliqué que ce n'était pas la panacée dans son premier article de blog ?