NPO La télévision publique

NPO

La télévision publique néerlandaise est plus connue sous le nom de NOS qui signifie Nederlandse Omroep Stichting association de diffusion néerlandaise mais cette association n'est qu'une association parmi plusieurs associations de diffusion télévisée représentant les intérêts de tel ou tel type de téléspectateurs. dans ce pays pillarisé, nous avons ainsi des associations catholique (kro), protestante (eo), libérale (vpro), ou des associations pour la jeunesse (BNNVARA) ou les seniors (WNL). Toutes sont regroupées sous l'organisation parapluie NRO ou Nederlandse Publieke Omroep qui alloue les temps d'antenne et les canaux en fonction des besoins et de la représentativité de chaque association.

Nouveau mot: Omroep

Vous l'aurez deviné, tous les O dans les acronyme de ces associations signifie omroep: diffuseur.

Il est possible de rejoindre NRO et obtenir un créneau horaire ou un canal mais il faut pour cela prouver qu'on est légitime et qu'on représente une part conséquente de la population par son nombre d'adhérents. Ceci est un bon vieux principe néerlandais qui dit que si tu creuses pas, t'as pas de canal. La dernière entrée en date est celle de PowNed, lancé par le blog politique populiste Geenstijl ainsi que Wakker Nederland (WNL) soutenu par le journal conservateur Telegraff. Toutes deux atteint le seuil des 50.000 adhérents en 2009 et put rejoindre la NRO en septembre 2010.

Ce sont justement ces deux nouveaux arrivants qui sont épinglés pour le salaire de leurs patrons dans un contexte ou le budget alloué par le gouvernement à la télévision publique est en baisse depuis 2015.

La rémunération des patrons

Ce serpent de mer est aussi un sujet de débat aux Pays-Bas et dans ce pays calviniste, l'étalage de richesses est peu apprécié. Wim Kok, le Premier Ministre de la coalition violette au pouvoir entre 1993 et 2000 qualifiait les patrons au gros salaires d'exhibitionnistes sans vraiment légiférer sur le sujet. Sous le gouvernement Balkenende, le salaire du Premier Ministre s'est affirmé comme un étalon de l'échelle des salaires des fonctionnaires et a tenté de réguler les salaires du haut de la grille mais cela n'a eu pour effet que d'augmenter le salaire du Premier Ministre. Les plus riches s'en sont sorti en édictant un code de bonne conduite qui comme souvent n'est pas suivi et sert à ne sert qu'à éviter la contrainte de la loi[1].

C'est là que je suis arrivé aux Pays-Bas. Le gouvernement Balkenende IV intégrait une composante travailliste qui avait fait campagne pour réguler ces rémunérations et son leader Wouter Bos se retrouvait aux finances. Après des rebondissement que Sabine Cessou a rapporté dans Libération, les Pays-Bas se sont doté d'une loi qui limite la rémunération des patrons de grandes sociétés. Applicable dès janvier 2009, cette loi édictent que les patrons des sociétés cotées en bourse devront payer 30% d'impôts en plus sur leur bonus s'il gagnent plus que 500.000 euros de salaire normal et que ce bonus le dépasse. Ça laisse une bonne marge mais les patrons n'ont pas été content et ont menacé de partir mais il ne s'est rien passé parce que tout compte fait, ils sont restés bien servis.

Même si cette mesure timide n'a pas freiné l'augmentation de la disparité des salaires comme ailleurs et le sujet a continué de mécontenter les petits actionnaires, les calvinistes et les syndicats de travailleurs. Le sujet est resté un serpent de mer. Il reste que cette loi a créé un précédent et les néerlandais sont convaincus qu'il est maintenant possible d'agir. En 2015, Jeroen Dijsselbloem, successeur de Wouter Bos au parti travailliste et au ministère des finances a essayé de limier le montant des bonus à 20% du salaire annuel mais le projet de loi a été torpillé.

C'est aujourd'hui au tour de Mark Rutte, le Premier Ministre de s'attaquer à ces salaires rémunération indécentes. En 2019, le Volkskant avait classé les patrons selon leur salaire en fonction du salaire moyen de leur entreprise. Le vainqueur était Le patron de Unilever, Paul Polman qui gagnait 283 ce que ses salariés gagnent en moyenne. D'autres grand noms qui font la fierté des Pays-Bas sont au palmarès, Citons, booking.com, Heineken, Shell, Philips, AEGON ou Ahold. Le journal néerlandais de l'entrepreneur reprend ce classement avec les valeurs absolues. Le journal, qui doit être d’extrême gauche, s'attarde aussi sur les augmentations de salaire plus rapide chez ces patrons que chez leurs employés[2], une différence de traitement qui n'arrive pas au bon moment selon les analystes. Il rapporte aussi que le premier ministre a demandé aux patrons de mieux augmenter les salariés et de réduire l'écart des salaires avant de citer en vrac les réponses des entreprises concernées comme Shell qui dit que 15 millions de bonus, c'est mérité parce que l'entreprise a eu de bon résultats (les autres employés avaient déjà été remercié par un discours en fin d'année).

Pour conclure, le journal liste le top 5 des disparités salariales aux États-Unis montrant que les Pays-Bas et même Unilever n'ont pas le record des disparités entre salaires mais dans un pays où l'égalité est un important principe moral, l'étalage de ces salaires et bonus indécents est un risque pour la cohésion sociale. Le Premier Ministre l'a bien compris et c'est ce qui explique sa sortie de 2019.

Et là c'est 2020

Nous voilà maintenant en 2020 avec une crise sanitaire majeure et une incertitude économique pour de trop nombreuses personnes. Ce besoin de cohésion sociale est peut-être encore plus fort et ce n'est pas le moment pour les patrons « exhibitionnistes ». Le plafonnement des salaires chez les dirigeants de la télévision publique est aussi un avertissement pour tous les autres dirigeants de grosses boîtes.

Notes

[1] Oui c'est pas un truc uniquement français…

[2] Le cas de Shell est cité mais avec un bonus exceptionnel de plus de 15 millions d'euros, Ben van Beurden a cassé la baraque avec une augmentation de revenu annuel de 126% !!