Municipales: les affiches en langue étrangère
Le mercredi, 24 février 2010. - nederlandjes
La campagne électorale pour les municipales bat son plein. On a vu au niveau national que les différents partis étaient chauds au point de faire tomber le gouvernement mais au niveau locale aussi la campagne bat son plein. Les tracts fleurissent aux poignées des vélos et s'amassent dans les boites aux lettre. Quelques partis font aussi des campagnes d'affichage et, puisque les étrangers ont le droit de voter aux élections locales, certaines affiches s'adressent aux grande communautés dans leur langue.
je pense qu'il y a quelques années, ces affiches auraient été acceptées sans problèmes. La tradition communautariste des Pays-Bas, issue de la pilarisation de la société est encore bien présente et on le constate tous les jours en ville ou chaque quartier garde une empreinte de sa communauté.
Le contexte
Seulement le discours xénophobe et ségrégationniste est entré en force dans la vie politique néerlandaise. Le parti de la liberté de M. Wilders entre autres, se focalise sur l'islam et stigmatise les deux grandes communautés récemment arrivées dans le pays: les turcs et les marocains. Un discours qui plait aux masses et donne une bonne couverture de presse et une bonne place dans les sondages à ce politicien décoloré. Même si ce discours est démagogue et peu responsable, les autres politiciens, affolés par les sondages, durcissent leur discours en croyant ainsi faire croire aux masses qu'ils s'occupent du problème alors que cela ne fait que renforcer le parti xénophobe[1].
Les partis politiques aux Pays-Bas se veulent réellement représentatifs de la société. Ils recrutent activement des immigrés et des femmes et leur donne des places éligibles sur leur listes. Une véritable leçon pour les partis français qui font trop semblant. ans ce contexte, tous les grand partis ont un turc ou un marocain éligible dans chaque grande ville. Cela permet aussi d'accrocher aussi les électeurs de ces communautés. Dans mon arrondissement, la tête de liste travailliste (PvdA) est une femme et elle est juive. Ça tombe bien parce que c'est l'arrondissement du sud qui héberge le plus de juifs à Amsterdam.
La nouvelle
Souvent, les candidats allochtones connaissent leurs communautés et leur quartiers, ils tentent donc de rameuter «leurs» troupes en faisant campagne comme tout bon candidat. Ils distribuent des tracs dans la langue du pays pour que tous comprennent. Bon, c'est dans ce contexte que sont sortis des affiches en langue turque et en arabe. Il semble que cette année elle n'étaient qu'à Rotterdam. Évidement, en voyant ça, les autochones ne se sentent plus chez eux et comme la société devient de plus en plus confrontationelle, ils se plaignent. Le PVDA de Rotterdam a même annoncé qu'il était contre cette initiative et le ministre de l'intégration, Eberhard van der Laan (PvdA aussi) a même condamné publiquement les affiches.
Alors l'affaire fait un peu de bruit, le site novopresse indique même que les candidats sont musulmans (ah bon?) et sa dépêche fait le tour de la blogosphère d'extrème droite en France ou tout le monde s'offusque que les mecs savent même pas parler comme il faut[2].
Épilogue
L'ironie de l'histoire (que je garde pour la fin) vient de l'attitude du VVD (parti libéral) dont est originaire le député Wilders cité plus haut a lui aussi vivement critiqué les pratiques des autres partis mais le journal le Telegraph s'est souvenu que ce même parti avait imprimé des tracs en... chinois pour les élections précédentes.
Tous ces tracts sont maintenant archivés dans la tractothèque.