Dans les débats politiques qui remplissent les pages des journaux on entend à nouveau parler de la guerre en Irak. Les quelques 1300 soldats Néerlandais se sont retirés de ce bourbier le 5 mars 2005. Ce retrait fait suite au retrait des troupes espagnoles en 2004 suite à la déroute de José María Aznar aux élections législatives, des troupes portugaises en février 2005.

Les soldats Néerlandais sont engagés dans plusieurs opérations de <i>maintient de la paix</i> sur la planète et à chaque fois, cette participation est longuement débattue à la deuxième chambre. Pour une décision dont les conséquences peuvent être très graves, cela peut sembler logique[1]. En 2002, le gouvernement Balkenende I, bien à droite[2] apportait un soutien sans faille au gouvernement des États-Unis depuis le début de la crise mais ce dernier est tombé (le 10 octobre 2002) avant le déclenchement de la guerre par les États-Unis en mars 2003. En attendant la convocation de nouvelles élections et la mise en place d'un nouveau gouvernement[3], le gouvernement sortant se charge des affaires courantes. Faire participer le pays à une guerre déclarée illégale par le secrétaire général des nations unies n'est pas vraiment une affaire courante. Il a donc fallu attendre le gouvernement Balkenende II[4] fin mai 2003 pour que les Pays-Bas s'engagent formellement dans le conflit (en juin 2003). Le fait que cet engagement ait lieu quelques semaines seulement après la formation du nouveau gouvernement laisse à penser que les ministres chargés des affaires courantes étaient déjà en train de préparer la guerre sans que le parlement en débatte. Ces pourquoi quelques pqrtis politiques de gauche (SP, Groenelinks) voudraient faire la lumière sur cet engagement néerlandais espèrent sûrement affaiblir l'actuel premier ministre par la même occasion.

Chose peu courante, les membres de partis participant au à la coalition gouvernementale (le PvdA et la Christen Unie) défient le premier ministre Balkenende (CDA) en soutenant cette demande d'enquête. C'est quand même risqué pour la stabilité de la coalition. D'autant qu'au moment de former le gouvernement Balkenende IV, les partis de la coalition se sont mis d'accord pour ne pas proposer de motion qui pourraient déplaire à l'un des partenaires. Mais la mise à jour de nouveaux documents par la presse change la donne et au PvdA notamment, on trouve l'affaire suffisamment importante pour la passer sous silence.

Aujourd'hui, si la question arrive dans une motion à la deuxième chambre, il est fort probable qu'elle ait le soutien d'une majorité de parlementaires. Pour l'instant, le premier ministre Balkenende arrive à éluder la question...

Notes

[1] Je parle de la logique hollandaise biensûr, la logique française est toute autre. Le président Nicolas est chef des armées et il décide donc seul.

[2] Une coalition de Chrétiens démocrates, de Populistes (la LPF de Pim Fortuyn) et de libéraux (VVD) a formé le gouvernement le plus court et le plus réac que les Pays-Bas ont connu depuis des lustres.

[3] Pour savoir comment ça se passe, lire La formation du gouvernement.

[4] Une coalition CDA VVD et D66, sans la LPF qui s'est décrédibilisée, mais toujours bien ancré à droite. Si vous vous souvenez, j'avais expliqué sa chute.