Irak: ça chauffe pour Balkenende
Le jeudi, 29 janvier 2009. - nederlandjes
Dans les débats politiques qui remplissent les pages des journaux on entend à nouveau parler de la guerre en Irak. Les quelques 1300 soldats Néerlandais se sont retirés de ce bourbier le 5 mars 2005. Ce retrait fait suite au retrait des troupes espagnoles en 2004 suite à la déroute de José María Aznar aux élections législatives, des troupes portugaises en février 2005.
Les soldats Néerlandais sont engagés dans plusieurs opérations de <i>maintient de la paix</i> sur la planète et à chaque fois, cette participation est longuement débattue à la deuxième chambre. Pour une décision dont les conséquences peuvent être très graves, cela peut sembler logique[1]. En 2002, le gouvernement Balkenende I, bien à droite[2] apportait un soutien sans faille au gouvernement des États-Unis depuis le début de la crise mais ce dernier est tombé (le 10 octobre 2002) avant le déclenchement de la guerre par les États-Unis en mars 2003. En attendant la convocation de nouvelles élections et la mise en place d'un nouveau gouvernement[3], le gouvernement sortant se charge des affaires courantes. Faire participer le pays à une guerre déclarée illégale par le secrétaire général des nations unies n'est pas vraiment une affaire courante. Il a donc fallu attendre le gouvernement Balkenende II[4] fin mai 2003 pour que les Pays-Bas s'engagent formellement dans le conflit (en juin 2003). Le fait que cet engagement ait lieu quelques semaines seulement après la formation du nouveau gouvernement laisse à penser que les ministres chargés des affaires courantes étaient déjà en train de préparer la guerre sans que le parlement en débatte. Ces pourquoi quelques pqrtis politiques de gauche (SP, Groenelinks) voudraient faire la lumière sur cet engagement néerlandais espèrent sûrement affaiblir l'actuel premier ministre par la même occasion.
Chose peu courante, les membres de partis participant au à la coalition gouvernementale (le PvdA et la Christen Unie) défient le premier ministre Balkenende (CDA) en soutenant cette demande d'enquête. C'est quand même risqué pour la stabilité de la coalition. D'autant qu'au moment de former le gouvernement Balkenende IV, les partis de la coalition se sont mis d'accord pour ne pas proposer de motion qui pourraient déplaire à l'un des partenaires. Mais la mise à jour de nouveaux documents par la presse change la donne et au PvdA notamment, on trouve l'affaire suffisamment importante pour la passer sous silence.
Aujourd'hui, si la question arrive dans une motion à la deuxième chambre, il est fort probable qu'elle ait le soutien d'une majorité de parlementaires. Pour l'instant, le premier ministre Balkenende arrive à éluder la question...
Notes
[1] Je parle de la logique hollandaise biensûr, la logique française est toute autre. Le président Nicolas est chef des armées et il décide donc seul.
[2] Une coalition de Chrétiens démocrates, de Populistes (la LPF de Pim Fortuyn) et de libéraux (VVD) a formé le gouvernement le plus court et le plus réac que les Pays-Bas ont connu depuis des lustres.
[3] Pour savoir comment ça se passe, lire La formation du gouvernement.
[4] Une coalition CDA VVD et D66, sans la LPF qui s'est décrédibilisée, mais toujours bien ancré à droite. Si vous vous souvenez, j'avais expliqué sa chute.
Commentaires
le vendredi, 30 janvier 2009.
Évidement, il faut que je prépare un sujet politique d'actualité pour que ce dernier fasse à nouveau parler de lui... Apportant (ou pas) de l'eau à mon moulin. Voici les derniers développements de cette question relaté par la revue de presse de l'ambassade, faisant le choix judicieux de sélectionner divers opinions bien tranchés.
"Lappel à une enquête parlementaire sur la question irakienne samplifie", écrit le Trouw (p.4), "maintenant quil apparaît quen 2003 le gouvernement Balkenende de lépoque a envisagé sérieusement dapporter un soutien militaire à linvasion américano-britannique dirigée contre Saddam Hussein." "Les interrogations sur le processus décisionnel du gouvernement concernant le soutien néerlandais à cette intervention juridiquement controversée se sont agrandies hier soir, à la suite de lapparition de nouveaux documents de 2003. Le programme télévisé RTL Nieuws, après avoir invoqué la loi sur la transparence administrative, a eu accès à des papiers dont il ressort que les ministres CDA et VVD concernés faisaient à lépoque des préparatifs pour envoyer au Moyen-Orient une frégate de la marine. Cette proposition na finalement pas été faite à la Deuxième Chambre, parce que le gouvernement CDA, VVD et LPF, tombé dans lintervalle, pouvait difficilement, dans son état démissionnaire, prendre une décision aussi grave contre la volonté du PvdA."
"Mais la simple nouvelle quon envisageait à lépoque dapporter une modeste contribution militaire, en envoyant un navire, apporte de leau au moulin des partisans dune enquête parlementaire sur la question irakienne." "Il ressortirait dune annexe à une note interne de la Défense datant de mars 2003 que les Américains avaient bel et bien demandé une aide militaire aux Pays-Bas. Le gouvernement néerlandais, jusquà présent, a nié que les Etats-Unis aient fait une demande formelle" (également De Telegraaf p.1, AD pp.1 et 2-3, de Volkskrant p.3).
Dans le cahier de Verdieping du Trouw, le député VVD Hans van Baalen fait valoir que "la transparence complète sur la préparation dIraki Freedom est dangereuse pour les militaires et les civils néerlandais". "Ni les fonctionnaires impliqués, parmi lesquels les directeurs du MIVD et de lAIVD [services de renseignement], ni les responsables politiques impliqués ne peuvent faire des déclarations publiques sur les renseignements américains, britanniques ou autres. Ils refuseront donc de le faire." "Les Pays-Bas ont actuellement une excellente réputation dans la communauté internationale du renseignement et disposent de ce fait de beaucoup dinformations émanant de leurs alliés. Ils risquent de perdre ces sources."
Le député Hans van Baalen est biensûr à la masse puisque cette enquête n'a pas pour but de révéler les secrets des services de renseignements mais juste de préciser processus décisionnel politique. S'il s'avère que les décisions prises l'ont été suite à de mauvais rensignements, il sera peut-être justifié de regarder comment les services de renseignements fonctionnent aux Pays-Bas. Je ne vais pas être gentil mais d'après ce que j'entends de Hans van Baalen. Les services secrets bataves sont tellement content de bosser avec les étasuniens qu'ils sont prêts à gober n'importe lequel de leurs mensonges.
"Le side show sur lIrak est brusquement devenu un brandon politique", écrite le Volkskrant (p.2). "Le premier ministre Balkenende voit les partisans de son opposition à une enquête parlementaire changer de camp lun après lautre. La dynamique politique a réactualisé des informations rassies."
"La grande question est de savoir ce qui empêche Balkenende de céder. Son moulin à prière na pas changé depuis des années : Les Pays-Bas ont fait leur propre évaluation. Ils ont accordé un soutien politique parce que Saddam Hussein se soustrayait à résolution de lONU lui demandant daccueillir des inspecteurs pas à cause de la possible présence darmes de destruction massive. Et pour le reste, tout est connu, alors pourquoi ouvrir une enquête ?"
"Balkenende est à peu près le dernier à soutenir encore ce point de vue. Lancien premier ministre CDA Ruud Lubbers a fait savoir mardi quil est contre une enquête parlementaire trop de travail par ces temps de crise. Mais il est tout de même davis que Balkenende doit sexpliquer, cest-à-dire poser tous les documents sur la table. Le ministre CDA Maxime Verhagen (Affaires étrangères) partagerait lui aussi cet avis, désormais." "Le groupe parlementaire CDA, pour le moment, suit en bloc le leader, même si lactualité, à ce quon dit, commence lentement mais sûrement à causer des frictions. On grogne et on fait des calculs politiques et on commence à dire tout bas : il faut peut-être céder."
LAD (pp.6-7), de son côté, fait mention des critiques du professeur Twan Tak (Université de Maastricht) et de lancien commandant en chef des forces armées Hans Couzy. "Selon le droit international, une offensive sans mandat de lONU est un crime. Un point, cest tout. Et Balkenende refuse de le reconnaître", commente luniversitaire. De lavis du général Couzy, le premier ministre "a peur". "Il doit reconnaître quil a commis une erreur et il ne veut pas le faire."
Selon le droit international, une offensive sans mandat de lONU est un crime. Un point, cest tout. Et Balkenende refuse de le reconnaître. Je suis tout à fait d'accord mais pour modérer un peu les choses on peut dire que c'est la communauté internationale qui refuse de le reconnaître puisque l'ONU à, depuis, légitimé la guerre en Irak.
le jeudi, 5 février 2009.
Het Parool (ici) et d'autres journaux ont annoncé hier que le premier Ministre Balkenende a annoncé ne plus s'opposer à cette enquête sur la participation néerlandaise à la guerre en Iraq. Mais il a aussi annoncé que le gouvernement allait mettre en place une commission charger d'enquêter sur la question. La commission sera présidée par Willibrord Davids, ancien président de la cour de cassation (Hoge Raad).
Beaucoup de parlementaires (PvdA, CDA) estiment que c'est une grande avancée de la part de Balkenende mais certain dans l'opposition (SP, GroenLinks) pensent que cette commission gouvenementale présidée par un ami du CDA laisse présager des conclusions favorables au Premier Ministre. Beaucoup sont davis que le Parlement doit tout de même décider de tenir sa propre enquête.