Élections à la première chambre
Le mardi, 1 mars 2011. - nederlandjes
Demain c'est les élections. Je n'y suis pas invité parce que ce sont les élections provinciales et que ces dernières sont réservées aux citoyens néerlandais. Ce qui ne m?empêche pas de m'y intéresser d'un peu plus près que la dernière fois.
Les élections provinciales sont importantes pour le pays parce que ce l'issue de ce scrutin dépend la coloration politique de la première chambre (Eerste Kamer), c'est à dire du sénat néerlandais. Comme je l'explique sur Wikipedia
Les 75 sénateurs sont élus pour un mandat de 4 ans par les États Provinciaux (« Provinciale Staten » en néerlandais). Les États Provinciaux sont les assemblées législatives élues au suffrage universel dans chacune des provinces des Pays-Bas. Une fois élus, les membres des États Provinciaux procèdent à l'élection des sénateurs dans les trois mois qui suivent leur propre élection. La proximité des deux votes donnent aux élections provinciales une coloration nationale puisque la tendance politique du sénat dépend du résultat des élections dans chaque province.
C'est encore plus vrai cette année ou le gouvernement (ou cabinet) en place est un gouvernement minoritaire (Qui est officiellement soutenu par le PVV, parti qui a signé un accord lui offrant une majorité de circonstance). À cause de sa position minoritaire, le gouvernement doit négocier d?arrache pied avec les députés de la deuxième chambre, (Dweede Kamer) pour élaborer les nouvelles lois. Le gouvernement est aussi minoritaire au sénat avec 35 sièges sur 75 et la validation des lois par les sénateurs fait aussi l'objet de tractations qui limite le gouvernement.
L'enjeu de ces élections locales est donc national. Il s?agit de donner (ou pas) au cabinet Rutte une majorité au sénat, ce qui lui donnera une plus (ou moins) grande marge de man?uvre.
L'autre intérêt de ces élections est l'arrivée du PVV, le parti[1] xénophobe de Geert Wilders au sein des États provinciaux ainsi qu'au sénat. La cote de Geert Wilders et de son parti est toujours bonne. Son soutien du présent gouvernement sans y participer est un choix avantageux qui permet au leadeur populiste de continuer à récriminer tout en faisant croire à ses électeurs qu'il est ministre[2].
Notes
[1] Parti qui n'en est pas vraiment un, puisque ce dernier n'a pas de membres et que le seul processus de décision interne se passe entre les synapses du leadeur.
[2] Selon le Volkskrant, 25% des électeurs du PVV et 1/6 de l?ensemble des électeurs pensent que Geert Wilders est ministre du gouvernement Rutte.
Commentaires
le dimanche, 6 mars 2011.
Vous pourrez lire le résultat des élections dans la revue de presse de l'ambassade de France.
Le taux de participation a été plus élevé quen 2007 : 55,9% contre 46,4%, explique Elsevier. Sur 12 407 806 électeurs inscrits, 693 8115 se sont rendus aux urnes dans les 12 provinces. Leurs votes se répartissent de la façon suivante (De Telegraaf) :
VVD 19,6%
CDA 14,2%
PVV 12,4%
PvdA 17,3%
SP 10,2%
D66 8,3%
GroenLinks 6,3%
ChristenUnie 3,3%
PvdD 1,9%
SGP 2,2%
CU-SGP 0,5%
50Plus 2,4%
Les divers partis régionaux enregistrent des scores variant de 0,1 à 0,4%.
Un image résume bien la situation même si ces cartes ne donne pas toutes les ficelles pour comprendre, on voit bien une déroute du CDA (en vert) et une progression du VVD et du PVV à commencer par le Limbourg. Voici la carte des partis qui sont arrivés en tête par commune:
On y voit que le CDA n'est plus forcément majoritaire dans les campagnes. Que le PvdA conserve ses bastions que sont le nord-est et les grandes villes (Amsterdam, Rotterdam, Utrecht, Haarlem, Arnhem, Groningue, Enschede).
Le SGP, parti protestant orthodoxe arrive premier dans ces bastions de la "bible belt et en Zélande alors que la Christen Unie, parti plus démocratique conserve ses bastions des environs de Staphorst et en profite pour arriver premier dans deux communes de Frise. Il faudrait une carte interactive pour voir si c'est parce que les votes sont dilués dans plusieurs partis ou si c'est une installation dans le territoire.
On voit une forte progression du PVV aussi qui colore en gris le bas de la carte. Cette progression semble logique puisque le PVV était absent du précédent scrutin en 2007. Le Limbourg se confirme comme bastion du PVV. C'est aussi un signe de faiblesse pour ce parti, il n'est vraiment reconnu que par son leader, Gert Wilders qui est originaire du Limbourg. Il arrive néanmoins en tête dans de nombreuses autres communes, plus souvent en Zélande conservatrice et dans le Brabant conservateur, un glissement à droit qui peut se comprendre. Quelques villes plutôt habituées à voter à gauche on aussi mis le PVV en tête, c'est la cas de Schiedam en banlieue de Rotterdam et de Vlagtwedde dans la campagne de Groningue. Ce glissement peut s'expliquer par le phénomène populiste, le même qui a vu des bastion communistes basculer FN en France.