L'industrie néerlandaise des coffeeshops est grande consommatrice de produits (beuh, shit, cannabis, chichon et autre superskunk) qui sont illégaux en trop grande quantité. Mais comme ce commerce est florissant et qu'il amène des touristes par la porte de devant, la police ne met pas trop son nez sur ce qu'il se passe par la porte de derrière. Elle préfère laisser les utilisateurs tranquilles et se concentrer sur les gros trafics^[1].

Se sont donc multipliés aux Pays-Bas des fermes de cannabis donc l'activité ne peut pas être déclarée parce que la loi la juge illégale. La police traque ces fermes, cachées dans des appartements bon marché et des jardins aux clôtures opaques. Une des techniques pour détecter ces fermes clandestines est d'éplucher les consommations d'électricité au m². Les appartements couverts de lampes chauffantes et d'humidificateurs d'air consomment trop pour être à usage d'habitation... Une autre technique est d'attendre qu'il neige...

On vante souvent le savoir faire de ingénierie néerlandaise en matière de canaux et d'îles artificielles^[1]. On vante beaucoup moins ce savoir-faire quand on évoque la construction de la Noord-Zuidlijn, souvent repoussée et sujet d'accidents remarquables^[2]. Ce qu'on oublie souvent c'est de vanter le savoir-faire français pour la surveillance de la stabilité des maisons tout au long de la ligne.

Les maisons d'Amsterdam reposent sur des pieux en bois enfoncées profondément dans un sol sablonneux. La cohérence du sol est assurée avec la nappe phréatique et les travaux souterrains du métro sont un risque pour cet ensemble fragile. Les vibrations d'un tunnelier mal orienté ou une fuite dans un voussoir peut déstabiliser l'ensemble et mettre les maisons du centre ville en danger. Les travaux sont calculés au mieux mais comme il y a toujours des aléas, il faut aussi mesurer régulièrement la stabilité des maisons.

Ces le rôle de ces drôles de machines accrochées dans des cages sur les murs le long de Damrak, Rokin, Vijzelgracht et Ferdinand Bolstraat. Les plus observateurs auront déjà vu ces appareils changer de cible alors que les touristes contemplent le galbes des pignons.

En vous présentant la région du Randstad, je vous promettais de vous présenter la compagnie. C'est l'actualité qui me le fait faire aujourd'hui puisque la holding qui porte le nom de la conurbation néerlandaise vient de racheter le site d'annonces de recrutement Monster pour $429 million de dollars (environ selon le communiqué de presse).

J'aime bien les décodeurs du Monde quand ils présentent des données qui aident à comprendre certaines infos compliqués avec des infographies bien choisies. Ils ont récemment publié un récapitulatif de la situation de l'État Islamique depuis deux ans que la guerre en Syrie et en Irak s'invite tristement dans notre actualité. On y voit une belle carte avec des zones de couleur qui changent quand le temps passe (suivant un curseur).

Syrie et Irak en juin 2014

Syrie et Irak en décembre 2015

Joli travail. Mais même si cette carte est réalisée par les infographistes du journal, les données ne proviennent pas de leurs correspondants de guerre mais principalement d'un cartographe amateur vivant près d'Amsterdam. Thomas van Linge, cité comme source en bas à droite est un jeune Néerlandais qui vient de passer son bac (VWO) en 2015. Il s'est rendu célèbre dans le monde entier en réalisant des cartes de Syrie et d'Irak présentant la situation du conflit en glanant des informations de terrain sur twitter, Youtube ou facebook.

Thomas van Linge

Très intéressé par le printemps arabe et les espoirs de libertés qu'il a siccité le jeune homme a commencé suivit les conflits qui ont suivit en Syrie et en Libye Pour mieux comprendre la situation. il a ouvert un compte twitter (@arabthomness) pour glaner plus d'information de terrain. Il a même commencé à apprendre quelques formules arabes pour pouvoir converser avec les belligérants sur le terrain. Il a ainsi dessiné sa première carte en 2014 sans que soit demandé au bac. Il raconte son quotidien en ouvrant sa porte à la NOS. Ses cartes sont fait avec Paint parce qu'il ne s'y connaît pas trop en informatique…

Très vite ses cartes ont été utilisé par les rédactions ne trouvant pas d'information plus fiable pour couvrir cette guerre et le jeune Thomas a fait l'objet d'articles dans des journaux du monde entier dont le magazine Newsweek. National Geographic le cite aussi mais rappelle qu'il n'est pas le seul cartographe amateur à travailler de la sorte. Sa différence est peut être d'afficher son soutien à la rébellion syrienne alors que la plupart des cartographes amateurs s'affichent neutres. Ceci expose aussi le biais d'une carte qui présente la vision schématique d'une personne, avec ses préférences (et parfois des intentions) politiques. Aussi documentée soit-elle une carte présentera comme vérité tangible une situation complexe et comprendra toujours des zones d’incertitudes voir d'erreurs non documentées.

Thomas van Linge n'expose pas ces sources pour conserver ses contacts et leur crédibilité mais il expose sa méthode montrant qu'il essaye de croiser au mieux ses informations. Avec le temps, Thomas van Linge met à jour ses cartes ce qui lui permet aussi de faire des animation montrant une évolution. Produit très intéressant pour expliquer la progression de Daesh sur un plateau télé ou dans les colonnes d'une page web. C'est ce que fait le Monde aujourd'hui montrant cette fois ci les pertes essuyées par l'État Islamique depuis ces derniers mois.