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mardi, 15 janvier 2019

Le tiret des Pays-Bas

Il m'est arrivé aujourd'hui une anecdote rigolote en regardant la photo du 13 janvier de Wikimedia Commons.

J'avais légendé cette photo de Agnes Monkelbaan :

Promenade dans le __Planken Wambuis__ dans la région du __Veluwe__, province de __Gueldre__, __Pays bas__

Promenade dans le Planken Wambuis dans la région du Veluwe, province de Gueldre, Pays bas

Après que j'ai enregistré mon ajout sur Wikimedia Commons, un certain Vigneron a repris ma prose en changeant la légende qui donne maintenant :

Promenade dans le __Planken Wambuis__ dans la région du __Veluwe__, province de __Gueldre__, __Pays-Bas__

Promenade dans le Planken Wambuis dans la région du Veluwe, province de Gueldre, Pays-Bas

Personne ne suit mon blog (d'assez près) pour savoir que j'ai changé ma façon d'écrire le nom de mon pays hôte depuis quelque temps. J'ai commencé en écrivant Pays-Bas avec des majuscules partout et un tiret au milieu mais depuis que je suis allé en République tchèque, pays dont le nom s'écrit sans tiret et avec une seule majuscule, je me devais d'être cohérent et écrire donc Pays bas, sans tiret et avec une seule majuscule. Persuadé que c'était la meilleure façon de l'écrire, je me suis mis à répandre cette graphie dans tous mes textes faisant économiser des majuscules à de nombreux imprimeurs. Même sur Wikipédia.

Après les éditions de la princesse, étudions donc les éditions du Vigneron. Cet éditeur vigilent a changé tous mes « Pays bas » en « Pays-Bas ». Cette modification m'a donc rendu curieux et j'ai donc vérifié dans la liste des états membres des Nations Unies. Je pense que l'ONU est une autorité valable pour vérifier l'orthographe mais j'ai aussi consulté le Conseil national de l’information géographique qui dépend du gouvernement français et qui publie sa liste des pays en PDF.

Les Pays-Bas ont donc un tiret et deux majuscules.

Nouveau mot: Nederlanden

Le nom officiel local des Pays-Bas est Koninkrijk der Nederlanden qui se traduit évidement en Royaume des Pays-Bas. Ce le nom officiel et la traduction se fait donc au pluriel puisque ce royaume est composé de plusieurs pays. Il y a les pays qui formaient avant les Antilles néerlandaises: Curaçao, Aruba et Saint-Martin ainsi que le pays qui constitue l'essentiel de la population et de la superficie du royaume, le Pays bas qu'on appellerait aussi la métropole si on osait une comparaison avec la France[1] est un pays constitutif.

Nouveau mot: Nederland

Le nom officiel de ce pays constitutif, composante principale du royaume des Pays-Bas est Nederland qui devrait se traduire par le Pays-Bas puisque Nederland est un singulier. L'orthographe ne change guère puisque « pays » tout comme « bas » ont la même orthographe au singulier et au pluriel. Seulement le mot Pays-Bas est toujours pluriel en français. Ce pourrait être pour simplifier une organisation compliquée ou bien pour se rappeler l'histoire des Provinces Unies qui ont marqué ce pays mais je pense que c'est avant tout un amalgame pratique. Après tout quand on est dans le Veluwe on se trouve à là fois dans le pays bas[2] et constitutif et dans le royaume des Pays-Bas.

Quelles règles pour nommer les pays en français

Pour revenir à la République tchèque et aux Pays-Bas on constate qu'il y a deux règles différentes pour orthographier les noms de pays en français, notamment les noms de pays composés (les noms, pas les pays). Essayons de reprendre la liste des Nations Unies et d'en tirer des conclusions qui nous aiderons tous.

Les républiques ne prennent pas de tiret ni de majuscules sur les mots suivants. Sauf la République démocratique du Congo mais là c'est parce que le dernier mot est un nom propre c'est le nom d'un fleuve. Les autres structures politiques prennent un tiret comme le Royaume-Uni, les États-Unis C'est sûrement le « Uni » qui impose son trait-d'union puisque le nom officiel de la Tanzanie est la République-Unie de Tanzanie. Mais puisqu'il faut une exception, Les Émirats arabes unis n'ont ni tiret ni majuscules.

Tout comme « uni », le « et » impose le trait-d'union comme pour Antigua-et-Barbuda Le « de » ou « d' » n'en prend pas. On écrira donc Côte d'Ivoire et Etats-Unis d'Amérique. C'est la même logique qui relie la Bosnie et l'Herzegovine dans Bosnie-Herzégovine et qualifie l'Arabie des Saoudiens Arabie saoudite.

Les pays du nord et du sud ne prennent pas de tirets mais des majuscules l'Afrique du Sud tout comme la Corée du Sud et plus au nord, la Corée du Nord et le Soudan du Sud ont tous les même règles. Facile.

Les saints prennent tous des tirets et des majuscules Saint-Vincent-et-les Grenadines comme Sainte-Lucie et les autres saints sauf Sao Tomé-et-Principe sans doute parce que ce n'est pas un saint français[3]. Les noms composés étrangers n'ont d'ailleurs pas de tiret non plus. Sierra Leone tout comme le Costa Rica et le Sri Lanka sont là pour le prouver. Le Timor-Leste est l'exception qui confirme la règle. Par contre les noms traduits en français prennent des tirets comme dans les archipels du Cap-Vert, de Nouvelle-Zélande, Nouvelle-Calédonie , ou Trinité-et-Tobago sauf si ces archipels sont formés d'îles comme les Îles Marshall ou les Îles Salomon.

Pour les Guinées c'est simple, celles avec un adjectif ne prennent ni tiret ni majuscule alors que celle avec un nom propre prennent une majuscule avec tiret sauf sur la liste de l'ONU. On écrit Guinée équatoriale mais Guinée-Bissau. La Guinée tout court ne prend pas de tiret sauf si on écrit parfois Guinée-Conakry pour ne pas la confondre avec les autres. La Papouasie-Nouvelle-Guinée place ses tirets avant et ce, même sur la liste de l'ONU parce que ce n'est pas vraiment la Guinée.

Quand aux Pays-Bas, ils sont l'exception de la règle de l'adjectif qui ne prend pas de majuscule ni de tiret comme dans Arabie saoudite, République dominicaine et Guinée équatoriale. J'ai bien fait de me renseigner, les règles sont tellement simples que je ne referais plus de fautes.

Une exception qui vient de loin

Suite au partage de cette histoire sur facebook, on m'a signalée la page Wikipedia sur l'origine du mot Pays-Bas qui explique un tant soit peu cette exception. Le terme Pays-Bas est aussi ancien que Nederlanden et date de l'époque ou la région était bourguignonne. niederen Rheinlande a été traduit en français par « les basses terres rhénanes » et donc les « Pays bas rhénans ». Le tiret et la majuscule sont arrivés par la suite en considérant l'ensemble comme un nom propre, pour les distinguer des « États de par-delà » (la Bourgogne et la Franche-Comté). C'était au XVIᵉ siècle et même si depuis, la région connu de nombreux régimes, le nom du pays est resté le même.

Notes

[1] C'est d'ailleurs une mauvaise comparaison puisque trois communes (à statut spécial) ne sont pas situées en Europe. Les communes BES pour Bonaire, Saint Eustache, Saba.

[2] Je parle ici de bassesse en altitude. Je ne voudrais pas qu'on me refasse le procès des Basses-Alpes et de la Loire-Inférieure.

[3] Le nom français de Saint-Kriss-et-Nevis serait en fait Saint-Christophe-et-Néviès mais comme les mots « saint » et « et » ne sont pas étrangers on accepte les tirets.

lundi, 22 octobre 2018

La fin de la maison Descartes

Serpent de mer de la vie du microcosme français aux Pays-Bas la maison Descartes a depuis toujours été vouée à être abandonnée. Quand je parle de la maison Descartes, il s'agit en fait de l'hospice wallon situé sur Vijzelstraat. À mon arrivée aux Pays bas en 2006, le bâtiment était occupé par le consulat et le centre culturel français qu'on appelait la maison Descartes. Du nom de ce philosophe français qui a vécu plusieurs années sur Kalverstraat à Amsterdam. À cette époque certains se souvenaient déjà la larme à l'œil de la salle de cinéma récemment détruite pour rénovation avant d'être laissée à l'abandon faute de crédits. Six ans plus tard j'apprenais entre deux verres[1] que si les crédits ne sont pas venus c'est parce que la maison Descartes allait être vendue au moment opportun. C'est quand même bien dommage pensé-je de laisser dépérir une telle salle pendant si longtemps pendant que d'autres cherchent vainement un cinéma pour organiser un festival

Institut Français et Consulat de France à Amsterdam

Note

[1] Finalement c'est bien d'être candidat aux législatives, on apprend des infos qui ne circulent que sur radio moquette de l'administration

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vendredi, 29 juin 2018

Une mère devient bourgmestre

Femke Halsema wordt nieuwe burgemeester van Amsterdam. Femke Halsema sera la nouvelle maire d'Amsterdam titre NOS alors je ne peut pas m’empêcher de commenter la nouvelle avec un titre jouant sur les mots de maire et de bourgmestre (ne cherchez-pas c'est la même chose). Femke Halsema est mère de jumeaux et va devenir maire d'une capitale européenne.

Femke Halsema en 2010
Femke Halsema en 2010 par Jos van Zetten « La politique, c'est fini, j'en ai marre ».

C'est un peu sa qualité de femme qui a fait connaître la bourgmestre au monde entier. Alors que les Pays-Bas sont plutôt connus pour pratiquer l'égalité des sexes en politique avec une presque parité à la chambre basse et au gouvernement sans loi pour les y forcer, avec de nombreuses grandes villes comme Rotterdam ayant déjà eu des mairesses, la capitale du pays n'a jamais eu de bourgmestre femme depuis que Godevaert Wormbouts a inauguré la fonction en 1343 !

Une vrai nouveauté

Une femme…

Les quelques 1500 bourgmestres d'Amsterdam avant elle étaient tous des hommes et cela brise enfin de manière symbolique cette très longue habitude d'avoir un maire un masculin. En fait l’opportunité d'avoir une femme à ce poste n'est pas si ancienne au Pays-Bas. Les premières élues femmes au conseil municipal ont été élues en 1919, année où les femmes pouvaient être candidates mais pas encore voter. L'une des cinq femmes élues à Amsterdam, Carrie Pothuis-Smit devint plus tard la première sénatrice du pays.

Il faut quand même attendre 1978 pour qu'Amsterdam voit une première femme au collège des échevins (college van burgemeester en wethouders), le bureau exécutif de la ville. Irene Vorrink avait auparavant été la ministre de la santé à l'origine de la dépénalisation des drogues.

En 2010, le VVP (conservateur) avait présenté une candidate Annemarie Jorritsma mais c'est le travailliste Eberhard van der Laan qui l'a emporté.

Pas une travailliste

L'autre grande nouveauté c'est que le plus haut poste de la ville n'est plus occupé par un membre du PvdA. Depuis l'après guerre, les travaillistes tiennent la ville et c'est le candidat du PvdA qui est à chaque fois nommé par le commissaire du roi. Seulement depuis plusieurs années les travaillistes s'occupent plus du PIB que des travailleurs et leurs résultats à Amsterdam aussi ont commencé à se comprimer. Aux élections municipales de 2014 c'est le parti social-libéral D66 qui est arrivé en tête à Amsterdam et dans d'autres grandes villes. Cette année c'est Groenlinks, les verts de gauche qui sont arrivés en tête avec 10 sièges sur 45. Mais arriver en tête ne suffit pas à placer son bourgmestre. Si D66 a remporté 14 sièges en 2014, Eberhard van der Laan, membre du PvdA a conservé son fauteuil de maire en 2016 lorsque ce dernier devait être renouvelé.

Le populaire Eberhard van der Laan est hélas mort l'année suivante en cours de mandat et ceux qui ont occupé son fauteuil jusqu'à aujourd'hui ne l'ont fait qu'ad interim. Les candidatures pour le poste vacant ont été ouvertes en mai et même rouvertes le 4 juin pour ne rater personne. Au sein de la coalition majoritaire, regroupant les Groenlinks et le PvdA le choix est difficile entre la verte retirée de la vie politique Femke Halsema et Carolien Gehrels l'ancienne échevin travailliste au profil plus lise. C'est même cette dernière qui arrive en tête des recommandation du commité de confiance (vertrouwenscommissie), un comité de 12 élus qui font passer les entretiens d'embauche.

Chacune des deux candidates aurait pu devenir la première femme maire d'Amsterdam mais une seule pouvait prétendre être la première maire non travailliste de la ville depuis la dernière guerre. C'est finalement Femke Halsema qui l'a emporté aux voix parce que deux nouveautés c'est mieux qu'une.

Pas une ancienne ministre

Troisième nouveauté un peu anecdotique, c'est aussi la première personne depuis 2001 qui occupe le poste de bourgmestre sans avoir été ministre ou secrétaire d'état par le passé. Cette nouveauté n'est d'ailleurs pas si anecdotique puisque les mauvaises langues arguent le manque de compétence de la nouvelle venue qui a quitté la politique en 2010. Il faut quand même rappeler qu'elle a quitté la politique après 8 ans à la chambre basse comme chèfe de son groupe parlementaire et était à la tête de son parti depuis 2003. Parti qui n'a jamais été que dans l'opposition ce rend difficile l'accès à un marocain de ministre…

Ce qui ne change pas

Il semble qu'il y ait une tradition à Amsterdam qui veuille que le maire soit juif. Pour mettre toutes les chances de leur coté, chaque parti présente une candidat juif pour le plus haut poste de cette bonne vielle ville de Mokum. Avec l'arrivée de Femke Halsema, cette tradition perdure.

lundi, 4 juin 2018

Doei, douille

C'est toujours surprenant pour les primo-arrivants de voir comment les locaux se saluent. Pour se dire en revoir, ils essaye de ce remémorer l'histoire du fou qui change une ampoule. Et ils se crient, parfois de l'autre bout de la rue (à vélo) « douille ! douille ! ».

Nouveau mot: Doie

Bon en fait c'est l'impression que ça donne mais c'est un peu différent… En fait ils se saluent pour se dire au revoir (et parfois à vélo) en disant "doei! doei!" parfois "doe-doei" ou bien "doe — oei" qui peuvent s'entendre respectivement «douille douille», «dou-douille» ou «dou-ouille».

Doei ça vient?

En fait cette salutation vient de Dag! qui est une version courte de "Goede dag" ou "Goeje dag" qui se traduit littéralement bon jour. Rien de plus normal que de se souhaiter une bonne journée au moment de se quitter. Rien de surprenant que cette salutation récurrente trouve des diminutifs familiers façon 'lut, bail, tchô… Ici le Dag est devenu doei et très vite tout le monde l'adopte, même les allochtones, même ceux qui ne parlent pas vraiment la langue.

Bon allez, doei à la prochaine…

mercredi, 7 février 2018

Un nouveau blog à Amsterdam à découvrir

Après avoir constater la disparition du forum.nl je pourrais me lamenter que les blogs que je présentais ici il y a presque 10 ans sont presque tous aujourd'hui morts. J'ai d'ailleurs retiré la liste des liens amis sur le coté de mes pages parce que trop de ces liens disparaissaient. Ce n'est plus la grande époque des blogues où tout le monde faisait le sien et où l'on pouvait s'interpeller par posts interposés mais les blogs ne sont pas morts pour autant. C'est pourquoi je vais aujourd'hui vous un présenter un nouveau.

amsterdam-decouverte-logo_NB_Huis.png

Découvrir Amsterdam a l'intention de présenter Amsterdam principalement aux touristes ou aux gens de passage sous l'angle de la surprise. Les inévitables rubriques où loger et où dormir son complétés par des préoccupations hors des guides mais tellement parlantes pour un local. Ainsi, on peut choisir où aller nager ou bien où aller regarder la pluie. Le où fumer un joint est moins classique mais un vrai guide d'Amsterdam ne serait pas complet sans une petite liste de coffeeshops.

maisons-decouverte-amsterdam.png

Au début, découvrir Amsterdam alignait des maisons de canaux pour faire son logo. Il semble qu'aujourd'hui les maisons de Marielle Loussot ont laissé place à des jumelles seules. À l'origine donc, ce blog a été lancé par des professionnels du web et un loueur de vélos pour partager leur expérience tout en faisant la promotion de leurs services mais c'est aujourd'hui Anne qui assure la maintenance en partageant ses découvertes de française à Amsterdam.

Les découvertes sont parfois le lot quotidien que l'Amstelodamois oublie de remarquer par habitude. Pour moi qui ne vis plus en ville depuis quelques années déjà c'est parfois triste de voir que mon quotidien d'avant disparaît comme les sous-marins.

Ces découvertes quotidiennes sont consignées dans Amsterdag, le blog du site mais la partie guide reste d'actualité avec les suggestions de la semaine[1]. Si vous aussi, vous avez remarqué que les suggestions de la semaine n'ont plus été mises à jour depuis novembre dernier, vous devez comprendre pourquoi j'en parle aujourd'hui. Alors ? c'est pour quand la suite ?

Note

[1] auparavant suggestions du week-end mais les gens s'ennuyaient le vendredi…

jeudi, 7 avril 2016

Reférendum: Les Pays bas sont encore contre

Etes-vous pour ou contre la ratification de l'accord d'association entre l'Union européenne et l'Ukraine ? C'est la question qui était posé hier à l'ensemble des néerlandais par voie référendaire. (Bent u voor of tegen de wet tot goedkeuring van de Associatieovereenkomst tussen de Europese Unie en Oekraïne?).

Ça peut parraitre assez futile comme question, pas de grand choix de société ou constitutionnel mais c'est tout ce que les partis anti-européens ont trouvés pour gripper la mecanique européenne des Pays bas. Et ça marche. Le quorum de plus de 30% a été atteind et le contre (Tegen) est sorti majoritaire de manière écrasante.

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mercredi, 6 janvier 2016

Le gouvernement dit non aux portes dérobées

Depuis l'année dernière et les attentats de Charlie, le gouvernement de la France a réagit fortement, à la hauteur de l’émotion suscitée. Hélas, la réaction n'a pas été d'exiger des services de police et de renseignement une organisation plus efficace mais plutôt renforcer leur pouvoir au détriment des libertés publiques. Il est vraisemblablement plus facile de faire des lois que de veiller à ce qu'elles soient bien utilisées[1].

Le gouvernement a ainsi fait voter la fameuse loi sur le renseignement qui a été pourtant décriée de toutes part, alors que plusieurs lois sécuritaires avait été mise en place les années précédentes. Depuis les attaques du 13 novembre dernier, de nombreuses mesures d'urgence ont été prises et déjà le ministre de l'intérieur pense à nouveau à légiférer pour supprimer encore des libertés sans vraiment savoir si ces mesures sont efficaces[2]. Ainsi dernièrement, il est question de supprimer les accès publics au Wifi, bloquer l'utilisation de Tor[3] ou bien forcer les éditeurs de logiciels de messageries et de téléphone chiffrés, à donner aux agents du gouvernement les moyens de déchiffrer ces communications.

Sur ce dernier point, le gouvernement de la France n'est pas le seul, au Royaume Uni et aux Etats-Unis aussi, il est fait pression sur les éditeurs de logiciel pour qu'ils livrent un moyen de lire les communications chiffrées. Les éditeurs résistent tant que la loi ne les y oblige pas, ils savent que la divulgation de leurs clefs de déchiffrement ou l'installation de portes dérobées (un accès secret au logiciel réservé aux services de renseignements) rendra leur logiciel plus vulnérable et que les clients risquent de se tourner vers d'autres solutions.

Le risque que ces clefs de déchiffrement se retrouvent en de mauvaises main est pris au sérieux, à l'image des clefs «TSA»[4] des bagages, facilitant le travail de la police des frontières américaine et dont les passes sont facile à acquérir par qui veut voler des passagers. Mais les éditeurs ont beau expliquer au gouvernement que cette mesure sera inefficace parce que d'autre logiciels de communication chiffrée passeront sous le radar et que de toutes façons les tueurs du 13 novembre ont envoyé des simples sms sans être détectés, il font face à la même insistance. Le gouvernement ne cherche pas forcément des mesures efficaces mais des mesures marquantes qui montrent qu'ils s'occupent du problème et qui rassurent.

Aux Pays Bas

Qu'en est-il dans le petit royaume batave du nord ? Bien qu'affectés par le les événements en France (l'épisode du Thalys d'Amsterdam leur a montré la proximité du danger), le gouvernement ne semble pas compter sur une modification des lois pour renforcer le sentiment de sécurité. Il se préoccupe néanmoins de l'efficacité de sa police et a présenté à l'automne un projet de loi pour aider les services à lutter contre la criminalité en ligne (computercriminaliteit ou cybercrime). Cette loi devrait donner aux policiers des moyens de hackbevoegdheid, c'est à dire le droit d'utiliser le hacking pour pénétrer les systèmes informatiques tiers sans autorisation préalable. Actuellement cette action est illégale pour quiconque, même pour la police.

Chargé d'examiner ce projet de loi, le parlement se pose la question de l'accès à l'information par des portes dérobées délivrées par les éditeurs de logiciels. La réponse vient être donné hier dans un rapport du ministre de la justice Ard Van der Steur dans une réponse détaillée publiée sur le site de la chambre basse en réponse à une question au gouvernement.

Sa réponse est claire : pas d'accès par portes dérobées aux Pays bas. même si cela ralentit parfois le travail de la police, le risque de fragiliser des logiciels utilisés par de nombreux acteurs économiques dans le pays est un risque trop grand. Le secret des affaires, la vie privée et la sécurité des sites bancaires (par exemple) doivent pouvoir être chiffrés (encryptie) de manière sûre. Ce sont des choses trop importantes pour risquer des les compromettre pour faciliter le travail de la police, alors que celle-ci dispose de suffisamment d'autres moyens. Voilà en substance ce qu'explique le ministre Van der Steur dans son PDF de 5 pages.

Il rappelle que la cryptographie est un élément essentiel aux échanges économiques du pays et que le gouvernement veut s'assurer que cette dernière est développée de manière sérieuse.

On se souvient de l'affaire diginotar où le gouvernement a été victime d'un mauvais acteur de l'industrie de cryptographie et tient à s'assurer que la chaine de la sécurité est la plus solide possible pour assurer un socle sécurisant pour l'économie qui se fait le plus en ligne. Donc non, pas de porte dérobée pour la police ni pour personne.

Notes

[1] Alors que c'est pourtant le rôle de l'exécutif non ?

[2] Il semblerait que les mesures précédentes n'ait servi à rien et que les attentats de janvier ont été facilité par une désorganisation des services de renseignements français.

[3] Un dispositif permettant d'utiliser le web de manière anonyme. Voir Tor sur wikipedia.

[4] pour Transportation Security Administration

vendredi, 1 janvier 2016

Le journal d'Anne Frank entre dans le domaine public

Il ne se passe pas une semaine sans que la folie des ayant trop de droits ne fasse l'actualité avec des décisions agressives ou des raisonnements alambiqués pour expliquer leur cupidité. C'est au tour d'Anne Frank, une enfant d'Amsterdam, d'en être la victime.

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vendredi, 18 décembre 2015

Le revenu de base s'installe aux Pays-Bas

Des économistes et autres penseurs estiment que l'humanité a maintenant les moyens de se doter d'un système où les moyens de subsistance ne se basent plus sur le seul travail. La richesse collective est actuellement suffisante pour qu'au niveau d'une ville, d'une région ou d'un pays on puisse prendre en charge les besoins de base de tous sans distinction. Sauter le pas en donnant à tous ces ressources sans condition, abandonner les allocations d'assistance et laisser le reste aux initiatives individuelles ; c'est l'idée du revenu de base qui a été présenté au public en 2013 dans le cadre d'une campagne citoyenne européenne. C'est à ce moment que j'ai découvert cette idée que j'ai promue aussitôt intéressé par les possibles que cela ouvrait. La pétition européenne n'a pas collecté le nombre suffisant de signatures pour que la commission s'y intéresse mais l'idée s'est diffusée un peu partout pour être reprise et défendue par de nombreux acteurs qui ne faisait pas toujours l'unanimité. À ce jour aucune collectivité ne l'a mise en place.

Au pays bas, 2015 a été un tournant pour la prise en compte de cette idée.

Il y a d'abord eu cette campagne de crowdfounding menée par l'économetriste Sjir Hoeijmakers pour consacrer plus de temps à son activité militante pour le revenu de base. Sa page Dream and Donate de demandait pas de fonds pour cette cause mais un revenu de base de 1000€ par mois pour lui même afin qu'il puisse faire ce qui l'intéresse de son temps (sous entendu, militer pour le revenu de base, chose qu'il détaille quand même en profondeur).

Nouveau mot: Tegenlicht

La traduction littérale de Tegenlicht pourrait être contre lumière mais c'est plutôt contre jour qu'on dit en français. C'est le nom d'une émission sur la chaîne documentaire VPRO.

Le titre du tegenlicht du 25 avril 2015 était argent gratuit (Gratis geld). Vu l'attrait des néerlandais pour les promos en tout genre, il est probable que le titre ait fait mouche mais le sujet était le revenu de base (basisinkomen)[1]. Ce documentaire, avec plein d'intervenants intéressants qui discutent les expériences plus où moins comparables dans l'histoire ou le coût total d'un tel projet (30 milliards d'euros pour tous les Pays-Bas), a marqué les esprits.

Plusieurs municipalités ont été intéressée par le sujet et se sont demandés comment le mettre en place. Puisque l'on ne met pas en place un tel changement sans étude d'impact, la question de l'expérimentation de ce revenu de base s'est posée. La commune d'Utrecht, quatrième ville du pays en population se pose la question de la mise en place d'une telle expérimentation, vite rejointe par d'autre communes grandes et moyennes comme Groningue, Maastricht, Gouda, Enschede, Nimègue ou Wageningen.

C'est surtout l’intérêt d'Utrecht qui a fait circuler la nouvelle dans le monde. Notons que le titre de Slate Utrecht, la ville où la pauvreté n'existera (peut-être) plus est plutôt racoleur parce qu'à ce stade, la ville ne sait pas encore exactement comment la ville va tester ce revenu de base. L'idée est d'avoir un groupe de gens, bénéficiaires d'aide sociale dont les aides seront remplacées par un revenu de base qui ne sera pas suspendu s'ils trouvent un emploi ou s'ils s'en sortent autrement et un groupe test qui continuera à recevoir les aides sociales selon le modèle actuel. Il est trop top pour savoir si les autres municipalités se joindront à cette même étude ni même combien de temps cela durera mais l'idée est bien là et promis, au 1er janvier 2016 les premiers versement du revenu de base seront versé sur les comptes en banque ces heureux testés.

Il faudra aussi revenir voir les résultats quelques années plus tard en regardant la vie des allocataires et la vie des bénéficiaires du revenu de base.

Note

[1] Pour le coup, vous avez trois nouveaux mots pour le prix d'un seul. C'est l'effet revenu de base…

mardi, 15 septembre 2015

La note des millions et sa valise

Le troisième mardi de septembre et le jour de la présentation du budget et de la politique générale du gouvernement lue à la presse et aux députés par le ministre des finances et roi. Ce jour, appellé Prinsjesdag a déjà été décrit sur ce blog.

Troisième mardi de septembre

En présentant ce jour en 2007, j'expliquait que le ministre des finances se balladait dans les rues en portant une valise estampillée Derde Dinsdag in September qui signifie Troisième mardi de septembre. La photo de cette valise illustrait cet article.

Nouveau mot : Miljoenennota

Nota c'est la note et Miljoen c'est million. Quand il y en a plusieurs, les nérlandais disent Miljoenen. Logiquement Miljoenennota, c'est la note des millions, le budget de l'année à venir, élaboré par le ministère des finances et présenté au Prinsjesdag, juste après le discours du trône prononcé par le roi. Cette note des millions est enfermée dans une valise avec le budget de l'état (Rijksbegroting). Le ministre des finances le porte donc son budget dans cette valise jusque la salle des chevaliers où il est présenté. La note des millions est une sorte de présentation de ce budget qui est lu lors de la présentation.

Nouveau mot : Koffertje

Witteveen__H.J._-_SFA003000443.jpg Koffer signifie valise. c'est donc une valisette (Koffertje) que transporte le ministre des finances en ce jour protocolaire. Et comme le protocole est important, cette valise a même sa place sur le site de la deuxième chambre où il est expliqué ce qu'elle contient. Le site ne s'attarde pas sur le maroquin beige et le grainage de la valisette, juste une photo rappelle à quoi elle ressemble.

Cette valise a été offerte en 1964 à Johan Witteveen (photo ci-contre), ministre des finances de l'époque, par l'imprimerie d'État à l'occasion des 150 de l'établissement. Cette valise a été transporté par tous les ministres des finances depuis lors comme le montre cette galerie de photos sur Wikimedia commons La dernière photo de Jeroen Dijsselbloem, actuel ministre des finances:

 Jeroen Dijsselbloem et sa valisette à la deuxième chambre

Het koffertje van Lieftinck

Avant 1964, les ministre des finances portaient une autre valisette qui renfermait, elle aussi la note des millions. Elle était de facture plus classique, en cuir acajou et avec les coins renforcés. Les armes royales n'y figuraient pas mais le Derde Dinsdag in September y était imprimé en lettres dorées. Ce modèle est connu comme la valisette de Lieftinck (Het koffertje van Lieftinck). Pieter Lieftinck était le ministre des finances de l'après guerre. C'est lui qui a lancé la tradition de la note des millions en 1947, année du premier budget d'après élaboré par le gouvernement néerlandais. Le ministre a donc dépensé quelques florins pour acheter cette valise chez le maroquinier Van de Broek à la Haye. Les lettres de Derde Dinsdag in September y ont simplement été collées.

Het koffertje van Lieftinck

C'est une sorte de surprise que de voir cette ancienne valisette accompagant à nouveau le ministre des finances.

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