François Fillon veut s'inspirer du "modèle" néerlandais Par Sophie Louet

LA HAYE (Reuters 15.10.07 18h42) - François Fillon a enrichi lundi sa feuille de route réformatrice de l'exemple des Pays-Bas, un pays qui, s'il a en commun avec la France d'avoir dit "non" au Traité constitutionnel européen, lui oppose aujourd'hui une cinglante réussite économique.

Le Premier ministre s'est rendu à La Haye dans le cadre de la tournée européenne lancée en septembre par Nicolas Sarkozy - avocat de "l'interchangeabilité" - pour présenter les priorités de la future présidence française de l'UE, qui débutera en juillet 2008.

"Je suis venu en voyage d'étude aux Pays-Bas", a-t-il témoigné lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue néerlandais.

"Le redressement spectaculaire de l'économie néerlandaise, l'excédent budgétaire, le faible taux de chômage, le taux de croissance constituent naturellement un modèle et un exemple", a-t-il souligné.

"Notre pays est engagé dans une série de réformes destinées à moderniser le modèle français. Dans cet élan de modernisation, nous avons décidé de regarder ce qui se fait ailleurs", a-t-il ajouté.

Au pouvoir depuis 2002, le Premier ministre chrétien-démocrate Jan Peter Balkenende, désormais à la tête d'une coalition de centre-gauche, a imposé une cure d'austérité de quatre ans aux Pays-Bas qui affichent aujourd'hui une croissance d'environ 2,7%, au-delà de la moyenne européenne, et un taux de chômage de 4,5%.

Les Néerlandais ont toujours été sourcilleux sur les dérapages budgétaires des "grands" de l'Union européenne, comme l'Allemagne et la France.

Paris a reporté de 2010 à 2012 "au plus tard" le rééquilibrage de ses finances publiques, un objectif réaffirmé lundi par François Fillon sous réserve d'un "niveau de croissance acceptable".

Le "nee" des Néerlandais à plus de 60% en juin 2005 au projet de Constitution européenne, trois jours après le "non" français, s'était expliqué en partie par le sentiment d'une politique du "deux poids deux mesures" au sein de l'UE.

Soucieux d'éviter un nouveau camouflet dans un climat croissant d'euroscepticisme, le gouvernement néerlandais a choisi la voie parlementaire pour ratifier le futur traité simplifié. Comme la France.

Outre le dynamisme économique des Pays-Bas, François Fillon a mis en avant leur "souci de l'environnement" et leur "culture du dialogue social" à trois jours d'une journée de grèves en France contre la réforme des régimes spéciaux de retraite.

Le Premier ministre a également voulu s'inspirer de la politique de réinsertion locale en visitant le chantier de rénovation urbaine de Schilderswijk, à La Haye, qui emploie de jeunes chômeurs.

Accompagné de Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports, il avait entamé lundi matin son voyage d'étude par une halte à Rotterdam, premier port d'Europe, afin de glaner des idées en vue d'une future réforme des ports français.

Confondant dans un même élan Rotterdam et Amsterdam, François Fillon a vanté l'exemple de "Romsterdam".

C'est une bonne idée de faire des voyages d'étude et de regarder comme fait un port qui est le plus grand d'Europe pour être aussi grand et tout ça. De là à affirmer que le modèle néerlandais inspire notre premier ministre, il ne faut pas pousser. Que veut dire ce cher François quand il parle de l'exemple de Rosterdam ? Parle-t-il de la privatisation de l'assurance maladie de 2005 ou de la décision de 2007 de ne plus construire de centrale nucléaire. Méfiez-vous quand on vous cite un autre pays en exemple, c'est généralement pour justifier des changements sans reprendre le contexte... Puisque, le voyage de Fillon ici bas est une belle oppération de communication visant à faire écrire son nom par plein de journalistes citons Robert Solé dans ce même le Monde. Au moins ce qu'il écrit est rigolo.

Voyage d'étude, par Robert Solé

François Fillon était mardi "en voyage d'étude" aux Pays-Bas. Le redressement spectaculaire de l'économie néerlandaise mérite, selon lui, qu'on y regarde de plus près. C'est vrai en particulier des ports hollandais : dans son enthousiasme, le premier ministre de la France a vanté l'exemple de "Romsterdam". Mais il n'a pas fini d'étudier.

Ses hôtes, eux, connaissent trop bien le pays de Rabelais et de Voltaire. A l'occasion de cette visite, les badges officiels indiquaient "François Villon". Comment faut-il interpréter cette allusion littéraire ?

Le poète français le plus célèbre du Moyen Age était un potache bagarreur, et même un sacré voyou. Plusieurs de ses poèmes paillards, pleins de sous-entendus, s'adressaient à ses compagnons de débauche. Auteur de larcins en tout genre, condamné finalement au gibet, François Villon a sauvé sa tête de justesse après avoir écrit au cachot la fameuse Ballade des pendus. Même un partisan de l'ouverture aussi résolu que Nicolas Sarkozy n'en aurait pas fait un premier ministre, fût-il un simple "collaborateur".

Ici, les journaux Néerlandais ont fait part de cette visite et parlé des convergences de vues entre les deux pays. Après cela chacun est repartit dans son coin faire sa cuisine. Le gouvernement des Pays-Bas étudie la possibilité de taxer les billets d'avion. Contrairement à la France, l'argent n'irait pas à des projet de développement mais servirait à renflouer les caisses.