Alors que la France venait de dĂ©cider son confinement et les Pays-Bas sa stratĂ©gie de la horde, lâUniversitĂ© dâAmsterdam UVA a ouvert une page pour collecter les blagues sur le Covid-19. La page demande lâaide de chacun pour collecter les blagues, les memes et autre fichiers humoristiques sur le coronavirus.
Câest vrai que quand la maladie Ă©tait Ă un stade dâĂ©pidĂ©mie rĂ©gionale, les blagues commençaient dĂ©jĂ Ă circuler Ă propos dâun truc quâon ne maĂźtrise pas bien dans un pays exotique facile dâaccĂšs grĂące Ă Ali Express. Maintenant quâon est en plein dedans et quâon doit justement rester dedans, les blagues circulent tout autant sur ce truc quâon ne maĂźtrise peut-ĂȘtre pas mieux. Lâexotisme oriental a Ă©tĂ© remplacĂ© par les tranches du quotidien, impliquant des attestations pour certains et du papier toilettes pour dâautres. Pas un jour sans blague depuis des mois. Ils doivent bien rire Ă lâUniversitĂ© dâAmsterdam.
Nâimporte quel site de collection de blagues aurait mis en ligne ce contenu social pour faire de lâaudience et partager ces tranches de rigolade mais les universitaires sont des gens sĂ©rieux et mĂȘme aprĂšs avoir partagĂ© une blague, impossible dâavoir accĂšs Ă la collection de blagues, 'âmemesâ et matĂ©riel humoristique. Pourquoi font-il cela alors ?
Câest une professeure de Sociologie, Giselinde Kuipers qui est Ă lâinitiative de ce site et de cette collecte de blague. Ce nâest pas la premiĂšre fois quâelle sâintĂ©resse aux blagues sur un Ă©vĂ©nement tragique puisquâau cours dâune interview elle avoue avoir dĂ©jĂ collectĂ© des blagues aprĂšs ce quâelle appelle le 9/11 il y a 20 ans. Dans cet article Grappen en grollen over het coronavirus: waarom doen we dat? paru sur le site scientias la scientifique explique sa dĂ©marche.
Nouveaux mots: Grappen en grollen
Selon le Van Dale, Grollen veut dire blague alors que Grappen veut dire blague. Les deux mots sont donc synonymes. Lâarticle pourrait donc ĂȘtre traduit par : Blagues et plaisanteries sur le coronavirus: Pourquoi on fait ça ?
Lâarticle nâexplique pas pourquoi lâuniversitĂ© dâAmsterdam collecte les blagues mais tente de rĂ©pondre Ă lâenvie de faire des blagues sur des sujets dâactualitĂ©s graves et parfois tragiques. Il y a plusieurs raisons à ça selon la sociologue qui rĂ©pond aux questions en oubliant de citer la premiĂšre: parce que câest drĂŽle.
Les trois raisons exposĂ©es sont le besoin de communiquer sur un sujet qui nous occupe lâesprit, une maniĂšre de se sentir Ă©loignĂ© dâune actualitĂ© qui nous affecte mais finalement pas tant que ça et une maniĂšre dâintroduire de la lĂ©gĂšretĂ© dans une actualitĂ© tragique.
Croudsourcing de blagues
Lors de son Ă©tude des blagues sur les Attentats du 11 septembre 2001 il y a 20 ans, Giselinde Kuipers nâa rassemblĂ© quâune centaine de blagues sur cet Ă©vĂ©nement. Maintenant quâelle est confinĂ©e dans sa maison des Pays bas alors quâelle enseigne Ă lâuniversitĂ© de Leuven en Belgique, elle a pensĂ© que cette fois elle pourrait en rassembler plus avec lâaide du public. Elle a dâabord tweetĂ© son appel avant de passer Ă lâĂ©tape supĂ©rieure avec lâaide de Mark Boukes
de lâuniversitĂ© dâAmsterdam. La page est en ligne depuis le 24 mars et accepte les blagues dans 30 langues. Câest un vĂ©ritable croudsourcing qui est maintenant en place pour aider la recherche.
Lâhumour et la beautĂ©
Oui, oui en envoyant un blague, vous pouvez aider la recherche. la Professeure Giselinde Kuipers se prĂ©sente sur twitter comme Ă©tudiant lâhumour et la beautĂ©, et autres « choses futiles aux sĂ©rieuses consĂ©quences ». Je ne peux me prononcer sur le sĂ©rieux des blagues qui seront Ă©tudiĂ©es dans le cadre de lâĂ©pidĂ©mie du coronavirus mais je veux partager une lecture sur lâautre sujet futile de la sociologue : la beautĂ©.
En effet, les illustrations de cet article sont tirĂ©s dâune bande dessinĂ©e mettant en scĂšne Giselinde Kuipers ayant pour thĂšme la sociologie de la beautĂ©. Une trĂšs trĂšs bonne lecture, mĂȘlant fiction et les travaux de la professeure, pour une pĂ©riode oĂč il nâest pas nĂ©cessaire de trop se montrer au monde.